Oser aborder la sexualité adolescente de manière frontale, crue et directe ne m'a jamais paru être une facilité ou un manque de pudeur. Au contraire, au-delà de sa nudité omniprésente, au-delà de ses scènes chocs et au-delà de la froideur de l'image, Douches froides est un film rempli de pudeur, dans le sens où les personnages ne sont à aucun moment méprisés. Le parti-pris du réalisateur est simplement d'avoir une image ultra-réaliste et une caméra n'ayant pas honte d'être là où elle est.
Au-delà de ça, il est vrai que le film peine parfois à convaincre, souvent car cherchant à trop en faire. Non pas qu'il soit trop explicatif, mais au contraire car il nous lance sur beaucoup de pistes sans avoir le temps de les explorer. Je pense notamment à la confrontation des milieu sociaux et à l'autobiographique envie de s'extirper du sien (voir le documentaire Beau comme un camion, d'Antony Cordier), à l'ambiance particulière des douches dans les vestiaires pour garçons, à cette idée des parents éduqués par leurs enfants, à cette mise en danger physique pour le sport... Tout cela est esquissé mais malheureusement pas ou peu approfondi.
Cependant, le sujet principal et central du film reste bien traité. Le goût de la découverte, de l'expérience, l'envie d'un épanouissement sexuel total, les conséquences et les difficultés sentimentales que cela entraîne.
Tout cela est bien loin d'être parfait (on pourra par exemple préférer, même si le sujet varie quelque peu, le sublime Naissance des pieuvres de Céline Sciamma), mais reste néanmoins intéressant.