Le film canadien Dounia et la princesse d’Alep, réalisé par André Kadi et Marya Zarif en 2023, suit le parcours d’une petite fille syrienne de 6 ans qui, après avoir vu sa maison touchée par une bombe, est contrainte de fuir son pays avec sa famille. Cette odyssée migratoire, empreinte de douleur et d’espoir, est racontée avec une sensibilité rare, offrant un récit poignant sur l'exil, la résilience et la force de l'enfance face à l'adversité.
Derrière cette histoire bouleversante se cache un film d’une richesse thématique indéniable. Sa force réside dans son propos universel et sa pédagogie exemplaire, qui expose l’une des plus grandes crises humanitaires de notre époque avec une poignante poésie. Loin de tout didactisme moralisateur, le scénario adopte un point de vue à hauteur d’enfant, tout en proposant une lecture plus profonde pour les adultes. Chaque thème abordé – la guerre, la perte, l’exil – est traité avec justesse, offrant aux parents des clés pour accompagner les questions de leurs enfants. L’émotion, omniprésente, est sublimée par une bande-son aux sonorités orientales soignées, qui renforce l’immersion dans ce récit bouleversant.
Si le film brille par sa narration et sa charge émotionnelle, il souffre en revanche d’une direction artistique trop élémentaire. L’animation 2D numérique, bien que consciencieuse, reste générique. Quelques choix stylistiques tentent d’insuffler une identité visuelle, notamment les aplats de couleurs débordant des contours, conférant un certain charme à l’ensemble. Cependant, l’exécution manque de singularité et les mouvements apparaissent rigides et plats. Une approche graphique plus audacieuse aurait permis de magnifier davantage la poésie inhérente au récit.
Malgré cette rigidité visuelle, Dounia et la princesse d’Alep s’impose comme une œuvre plus que marquante. Son message puissant, son traitement sensible et son émotion sincère en font un film remarquable, qui a su provoquer un petit coup de cœur chez ceux qui s'y sont plongés.