Premier film, premier chef d'oeuvre. Sidney Lumet, réalisateur à la carrière longue comme le bras, nous sert un des huis clos les plus intenses du cinéma (mention spéciale au Limier de Mankiewicz), si ce n'est, comme le pensent la majorité de nos concitoyens de SensCritique, LE film à avoir vu absolument au moins une fois.
Il est dit que celui qui ne maîtrise pas le langage ne maîtrise pas la pensée. Ce film en est la démonstration. 12 jurés se réunissent pour décider du sort d'un jeune homme accusé du meurtre de son père. Les preuves sont accablantes, mais seul un vote à l'unanimité rendra le verdict effectif. Tous sont convaincus de sa culpabilité, sauf un (Henry Fonda, impeccable).
On comprend très vite quelle sera l'issue du film, certes. Mais c'est là toute la subtilité de 12 Hommes en colère: il ne s'agit pas de savoir ce qui va se passer, mais COMMENT ça va se passer. Par un discours argumentatif objectif et construit au fur et à mesure que le débat avance, il va un à un les convaincre de l'innocence de l'accusé. Mais ce n'est pas tout ! Car Lumet s'attarde également sur la psychologie de chaque personnage, du beauf qui ne pense qu'à regarder son match de foot au mauvais père qui s'est brouillé avec son fils, en passant par le bon samaritain un peu naïf ou encore le vieux con, leur verdict est lié à leur personnalité, à leur propre pensée. Ce qui rend la tâche de ce cher Henry beaucoup plus rude !
Ce n'est pas seulement un film discursif, c'est un film sur la manipulation. Car en plus d'être manipulés par les autres, nous nous manipulons nous-mêmes. J'aime à voir ce film comme l'exemple de la remise en question de soi, bien que ça puisse être dur de savoir dire "tu as raison, j'ai tort". Mais comme le dit si bien Henry Fonda,
"IT'S POSSIBLE!"