C'est l'histoire d'un docteur (Spencer Tracy) qui a soif d'aventures, il s'ennuie. Tellement, qu'il devient le cobaye de ses propres expériences douteuses. Il se transforme en monstre et s'autorise tout ce que ses pulsions malsaines désirent. Immoral, violent et méchant, il va séquestrer la jeune Ivy (Ingrid Bergman, époustouflante) et va lui faire subir des horreurs que le réalisateur ne nous montre pas. C’est là que Fleming joue avec le spectateur et détourne intelligemment le Code ; en nous cachant les actes de l'horrible Hyde, c'est nous, innocents spectateurs qui les imaginons. Et d'une certaine manière, Fleming nous prouve qu'il y a un peu de Hyde en chaque homme. Tout en évitant la censure, il fait transpirer toute l'horreur de cette séquestration en faisant participer nos petites têtes chastes.
Encore une fois, le réalisateur s'amuse avec le code et incorpore une masse de symboles qu’il place pendant les délires surréalistes dus aux transformations du docteur en monstre: une fleur de lotus émerge de l'eau (le plaisir féminin), Mr.Hyde assoiffé fouettant des chevaux qui se transforment - comme par hasard - en Ivy et Beatrix (la fiancée du docteur), ces deux demoiselles en positions extatiques très explicites…
Avec une esthétique très Man Ray, Fleming dit tout sans rien montrer.
Tout ça en 1941, incroyable !