Quelle mante a bien pu piquer Dario Argento ? Doté d’un budget entre 5 et 10 millions d’euros, le maître de l’horreur italienne des années 70/80 a décidé de se lancer dans une énième adaptation de Dracula. Et en 3D, s’il vous plaît ! Oui, c’était la grande mode à l’époque, on était noyés de films tournés ou (surtout) convertis en 3D, histoire de gonfler leurs recettes.
Dario en était visiblement très fier, vantant les mérites des innovations liées à la 3D, et accolant son nom au titre original du film - « Dracula di Dario Argento » !
Pourtant le résultat est totalement risible. Par où commencer pour décrire ce carnage, dont les défauts monstrueux sont apparents dès les premières secondes ?
D’abord, l’image est absolument immonde. Entre l’éclairage qui fait n’importe quoi, les maquillages grossiers, les décors en toc, les costumes pauvres, on a l’impression de regarder une série Z du début des années 2000, tournée en caméra DV. Et pourtant ça a été filmé sur pellicule 35mm. Pire, les acteurs ont l’air de se tenir fixes devant des fonds verts, alors que les décors ont le mérite d'être réels. Le résultat du tournage en 3D ?
Et évidemment, impossible de louper les CGI ignobles, qui ont 15 ans de retard, et qui n’étaient pas franchement indispensables. Sauf bien sûr si vous avez toujours rêvé de voir Dracula se transformer en mante religieuse géante et meurtrière. Une séquence qui, comme beaucoup d’autres, fait pouffer de rire. Vous l’aurez compris, le film n’est jamais effrayant, bien que vendu comme tel.
Les acteurs n’aident pas. Contraints de réciter des dialogues aussi superficiels que sur-explicatifs (encore une fois, ce dès les premiers échanges). Incarnant des personnages sans âme, nos pauvres comédiens sont complètement à l’ouest. Ca va d’un Rutger Hauer très fatigué, à la plupart de la distribution fortement exécrable. Mention spéciale à Asia Argento, ou à Unax Ugalde, encore plus mauvais que Keanu Reeves dans le « Dracula » de 1992.
Il faut croire que Dario Argento n'était pas à l'aise avec un film tourné en anglais ?
La BO ne fait pas mieux, malgré la présence de Claudio Simonetti, comparse récurrent du réalisateur. L’ambiance gothique accompagnée de thérémine, ça fait tout de suite basculer certaines séquences dans le nanar. Tandis que les notes principales du thème régulier sont tout simplement les mêmes que le thème principal du « Dune » de David Lynch (si si !).
Dans cette atterrante pantalonnade, les (a)mateurs se satisferont peut-être de voir de jolies actrices se dénuder gratuitement de temps en temps. Moi, ça m’a donné l’impression de voir un porno ambitieux des années 2000, les scènes de sexe en moins.
Pour ceux qui l'ont vu en 3D en 2012, c’était peut-être drôle 10 minutes ?