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Quand le Cinématographe rencontra Le non-vivant

Coppola signe ici la plus fidèle de toutes les adaptations cinématographiques du légendaire roman de Bram Stoker. Rien à critiquer sur ce scénario qui suit la trame du livre. Il n'y a probablement que le personnage de Van Helsing qui change un peu en raison de l'interprétation de son personnage.


C'est Winona Ryder, admiratrice du roman de Stoker et ayant manqué le rôle de Mary Corleone dans Le Parrain, 3e partie, (1990) qui vient présenter un scénario de James V. Hart à Coppola. C'est histoire initialement prévue comme pour être un téléfilm met surtout en avant les aspects érotiques du roman. Il inclut également une origine au personnage (proche de Vlad l'Empaleur) et une histoire d'amour réincarné tout comme l'adaptation de 1974 avec Jack Pallance. C'est aussi une histoire qui a le mérite de remettre l'église au centre du village puisqu'il rappelle l'intégralité des règles sur les vampires (certaines adaptations ayant occulté de nombreuses d'entre-elles). Coppola séduit par le scénario de Hart accepte de réaliser ce projet. Pour ce faire le réalisateur puise son inspiration dans La Belle et la Bête (1946) de Cocteau ainsi que dans le symbolisme avec les œuvres de Gustave Moreau, Fernand Khnopff et Gustav Klimt (le costume final de Dracula reprenant la peinture Le Baiser). On retrouve aussi dans le film quelques clins d’œil à L'Exorciste (1973).

Sa production doit cependant composer avec un budget très réduit pour l'époque (40 millions de $) loin de ceux des blockbusters remplis d'effets spéciaux nouvelle génération (Terminator 2 et Jurassic Park). C'est justement ce contrainte qui va inciter Coppola à la créativité. Roman Coppola fils du cinéaste s'est donc renseigné sur la façon dont les effets spéciaux étaient réalisés aux débuts du cinéma.

Le film est entièrement tourné en studios à Los Angeles. Cela permet de mieux maitriser les 60 différents décors et les effets qui leurs sont associés. Les équipes de films vont s'afférer à employer maquettes, perspectives forcées, marionnettes, décors et effets pratiques pour donner du réalisme au tout. A cela va s'ajouter un soin particulier à tous les effets optiques (filtres, matte painting, jeux d'ombres et de lumières, miroirs, fumées, projections lumineuses, utilisation d'une vieille caméra pathé, ...). Aucun effet numérique n'a été utilisé mais la magie opère et on y croit. Ces choix font sens d'autant que les événements du film se déroulant en 1897 (date de publication du roman) coïncident avec la création (1895) puis la diffusion du cinématographe. Il faut aussi mentionner le travail de Eiko Ishioka sur les plus de 150 costumes récompensé par aux oscars de 1993. Le film est également lauréat dans les meilleurs maquillages et montages d'effets sonores. Sa nomination pour la meilleure direction artistique est bien méritée. Enfin la musique de Wojciech Kilar est puissante. Orchestrale elle donne le ton entre romance, drame et horreur.


La distribution de cette adaptation est grandiose. Sans doute les répétitions des comédiens dans la résidence du réalisateur à Napa y est pour beaucoup. Gary Oldman interprête avec beaucoup de panache le comte Dracula. Ce dernier dans ce film est un ange déchu et victime d'une malédiction (là où toutes les précédentes adaptations présentait le personnage uniquement comme un monstre). Bien entendu c'est aussi Oldman qui endosse les costumes de toutes les itérations monstrueuses (vieux dracula, dracula final, loup-garou, chauve-souris, rats et brouillard) ou humaines (prince guerrier et comte romantique). de son personnage. Winona Ryder interprète aussi très bien Mina Harker. Anthony Hopkins toujours aussi talentueux campe un Abraham Van Helsing extrêmement charismatique. Keanu Reeves joue plutôt bien Jonathan Harker. Je n'ai en revanche pas grand chose à dire sur les interprétations de Richard E. Grant (Dr Jack Seward), Cary Elwes (Lord Arthur Holmwood), Billy Campbell (Quincey P. Morris) et Tom Waits (Renfield) qui sont fonctionnent sans être extraordinaire. Je pense que ce sont surtout Sadie Frost (Lucy Westenra), Monica Bellucci, Michaela Bercu et Florina Kendrick qui livrent des performances remarquables avec leurs scènes érotiques.


En résumé avec ce film c'est le Monstres sacré (certes réimaginé ici) du cinéma qui rencontre le 7e art dans tous les sens du terme. Jamais une adaptation ne sera aussi fidèle au roman que celle-ci. Aucune autre ne pourra jamais l'égaler dans son esthétique. Je ne parle même pas de reproduire un casting aussi excellent. Ce Dracula demeure l'adaptation de référence la plus aboutie et le restera assurément pour l'éternité.

Empereur-des-tortues
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