Je ne l’avais pas revu depuis une bonne éternité, le comte devait être môme à l’époque, c’est vous dire. Avec une adaptation comme celle-ci, celui qui a commencé avec Corman semble revenir aux sources. Il n’en est rien, ce Dracula n’a rien à voir avec le cinéma fauché du vieux Roger.
L’histoire est celle racontée dans l’œuvre de Bram Stoker et on la connaît tous. Donc faisons court. Un jeune clerc de notaire anglais est envoyé en Roumanie pour sceller l’achat d’une propriété près de Londres par le comte Dracula. Ce dernier aperçoit le portrait de la promise du clerc et il se trouve qu’elle ressemble trait pour trait à sa défunte épouse. Cette nouvelle obsession le pousse à rejoindre l’Angleterre.
S’il fallait ne garder qu’une adaptation, ce serait celle-ci. « Ou Nosferatu » me rétorquerez-vous et vous aurez raison. Mais les films sont si différents qu’on peut s’accorder un compromis. Le point de départ de ce Dracula met en scène le célèbre personnage au Moyen Âge, alors qu’il est victime et coupable d’une terrible malédiction dont le film raconte la conclusion. Cette toute première partie change totalement le point de vue qu’on a à-priori sur le monstre. S’il restera un chasseur, il sera également un être ambivalent consumé par l’amour et le désir. Contrairement à la plupart des adaptations, celle-ci mise sur un certain réalisme. Exit donc le grand-guignol des productions Universal ou de la Hammer. Exit aussi le grand spectacle des projets hybrides genre « Dracula et les Aliens contre les loups-garou libidineux ». On gardera la libido ceci dit car le film mise pleinement sur le souffre de ces relations contre-natures. La mise en scène offre au récit un rythme juste et une ambiance assez unique, c’est cette dernière qui restera gravée dans le souvenir du spectateur. L’interprétation est parfaite, sans fausse note aucune. La musique de Wojciech Kilar colle au film comme le sucre colle aux dents.
Et donc ? Donc, on hurlera avec la horde de fans transis. C’est bien l’adaptation ultime, celle qui fait référence. Elle n’efface pas les projets antérieurs ou futurs, mais elle les renvoie à des exercices de style facétieux et charmants.
>>> La scène qu’on retiendra ? La rencontre entre le comte et Mina. Le non-dit ambigu est à son paroxysme.