Jackie Chan ! Rien que son nom suffit sur une affiche pour qu’on ait envie de se caler dans son canapé (à défaut du strapontin au cinéma) et mater le film. A 62 ans, l’acteur le plus casse-cou que le cinéma n’est jamais connu, jouit toujours d’une sympathie sans égale ! Pourtant, depuis qu’il ne peut plus compter uniquement sur sa fougue et ses prouesses athlétiques d’antan qu’il adoucissait ingénieusement avec une bonne dose d’humour burlesque, il n’est pas rare de le voir à l’affiche de films, certes « nouveaux » pour lui, mais au final ratés. On peut citer Le Médaillon, Le Tour du Monde en 80 Jours, Le Smoking, Kung Fu Nanny et plus récemment Chinese Zodiac, suite de Mister Dynamite et Operation Condor et très attendu par les fans mais malheureusement raté à cause d’un scénario totalement en roue libre et des enjeux dramatiques bien trop faibles.
Avec Dragon Blade, on était pourtant curieux de voir Jackie Chan donner la réplique à l’acteur du Pianiste, Adrien Brody et John Cusack sous la direction de Daniel Lee, réalisateur de Black Mask avec Jet Li, What Price Survival et Till Death Do Us Apart. Oui mais voilà, ça fait longtemps que le réalisateur peine à retrouver la vigueur de ses débuts. Il trébuche avec des mauvais films (sujet ?) comme Kumite et Gangster Squad puis s’est enfermé jusqu’à maintenant dans des Wu Xia Pian (combats de sabres) médiocres dont Dragon Blade fait hélas partie.
Si l’intention est fortement louable : parler d’une époque où les échanges culturels et commerciaux ont pu se faire avec la fameuse route de la soie. Moment historique très peu, pour ne pas dire pas du tout, abordé au cinéma. La démarche de l’entreprise est au final totalement ratée car ne sachant sur quel pied danser. La pure fiction et son lot de combats et batailles ou le rassemblement des peuples et l’ouverture des cultures ? Cette dernière approche aurait été plus judicieuse mais la paresse scénaristique et certainement la peur de trop décontenancer le public international de Jackie, a fait qu’ils ont préféré l’abandonner en cours de route.
Durant ces deux heures, on retiendra alors cette petite partie du film bien documentée qui voit les chinois et les romains partager leurs connaissances dans l’art du combat, la géométrie, la culture… Mais c’est malheureusement bien trop peu pour sauver un film qui ne saura se sortir du trop-plein de mauvaises décisions qui finissent par anéantir le film.
A commencer par un casting totalement à côté de la plaque : des acteurs principaux aux figurants ! Le grand Sergio Leone (Il Etait Une Fois dans l’Ouest, pour les plus jeunes) savait trop bien l’importance des détails qu’il supervisait jusqu’aux choix des figurants avec leurs faciès de gueule cassée. Ici, les figurants occidentaux (censés interpréter les romains) et les seconds rôles (chinois comme occidentaux) manquent d’authenticité. John Cusack, acteur flegmatique (génial dans High Fidelity de Stephen Frears) n’a absolument pas la carrure pour interpréter un général romain. Adrien Brody s’en sort à peine mieux dans un rôle qui lui permet d’en faire des caisses mais qui est bien trop mal écrit pour être crédible. La palme du plus mauvais choix est celui de l’enfant d’une niaiserie abyssale qu’on aurait pu pardonner s’il n’était pas insupportable ! Si vous ajoutez à cela des chants mal venus (qui enfoncent le clou de la niaiserie), le tout finit par donner une copie entre une reconstitution pour la chaîne Histoire et le nanar.
Reste alors pour ne pas stopper la vision du film, un Jackie Chan égal à lui-même. Il est celui qui s’en sort le mieux avec la comédienne chinoise Lin Peng. Il est aussi le seul à y croire. Avec sa stunt team, il tente de proposer des combats aux sabres novateurs adaptés aux novices Cusack et Brody, qui pour le coup s’en sortent plutôt très bien. Mais, on est loin malgré tout de ce que l’on pouvait attendre de Jackie et de son équipe de cascadeurs. Dommage donc, car au niveau des combats, son choix de ne pas édulcorer la sauvagerie des combats (pas la première fois dans la filmographie de Jackie, mais tout de même rare), sa direction artistique loin d’être honteuse et une intention louable de par son sujet, il y avait un excellent film à faire.