Ce qui étonne dans ce biopic, c'est l'humanité du personnage qui se cache derrière la légende. Car si Dragon, l'Histoire de Bruce Lee se montre bien sûr coupable de quelques écarts vis-à-vis de la réalité, comme tous les films biographiques, il n'en parvient pas moins à capturer l'essence d'une destinée hors du commun, celles d'un émigrant parmi des millions d'autres, parti pour conquérir l'Amérique et qui y parvint sous bien des aspects. À cette époque, en effet, le terme de « Rêve américain » avait encore un sens, même si les réalités sociales et économiques n'ont jamais été aussi idéales que ce que cette expression le laisse penser, et des gens comme Bruce Lee parvinrent à lui donner forme.
Pourtant, ce n'est pas l'image du professeur qui transparaît le plus ici, ni celle de la star de films d'action d'ailleurs et d'autant plus qu'elle reste discrète dans celui-ci, pas plus que ne domine celle du penseur des arts martiaux qui fonda sa propre école – chose rare – ni même, peut-être plus banale, le mari ou le père. Ce qu'on distingue avant tout, c'est l'homme qui sut jeter un pont entre l'orient et l'occident, qui permit à deux cultures pour le moins éloignées, dans tous les sens du terme, de mieux se comprendre et de partager ce qu'elles ont de plus précieux pour s'enrichir l'une l'autre en dépit de toutes les rancunes et autres mauvaises habitudes à la vie dure. Bruce Lee, aussi surprenant que ça puisse paraître, était surtout un humaniste.
En témoignent ses innombrables émules qui, captivés par ses films, s'adonnèrent à un moment ou à un autre aux arts martiaux. Je figure dans le nombre. En s'ouvrant ainsi à la culture chinoise, à l'Asie, ces gens-là devancèrent d'une certaine manière ceux qui, aujourd'hui, découvrent à leur tour ce continent via ses productions populaires – telles que BD ou animations, par exemple. Pour cette raison, parce-qu'il s'inscrit dans une mouvance qui s'est tout sauf tarie au fil du temps, Bruce Lee est en quelque sorte éternel, faute d'un meilleur terme : plus qu'un athlète de haut niveau, il représente avant tout cette qualité fondamentale chez tout homme qui consiste à transmettre sa culture aux autres dans le but d'améliorer la vie de tous.
Ce qui, d'ailleurs, et au moins dans les grandes lignes, ressemble assez au confucianisme. On ne s'en étonnera pas compte tenu des origines du personnage. Comme quoi, en fin de compte, notre temps tout empreint d'ordinateurs et de réseaux peut encore grandir à l'aune d'enseignements bien plus anciens...
Adaptation :
Sous forme d'un jeu vidéo de combat sorti en 1993 sous le même titre et développé par Avalon Interactive pour les consoles Megadrive, Super Nintendo, Jaguar, Game Gear et Master System.