Dragons par Francis Janvier
Ce qui m'énerve habituellement dans les films d'animation Dreamworks, c'est qu'ils sont très populistes (gags visuels pour amuser les enfants, blagues sur la pop culture pour amuser les adultes...) et très commerciaux (putain mais trois suites pour Shrek et Ice Age ? À d'aussi courts intervalles ?). Ici, ce n'est définitivement pas le cas et c'est pourquoi Dragons est le meilleur Dreamworks d'animation, presque du niveau de Pixar, carrément. Parce qu'il est drôle, oui, mais surtout intelligent, avec des personnages superbes, une intrigue classique mais ultra bien menée et touchante et, bien sûr, un visuel absolument époustouflant, qu'il fit bon de voir en 3D. Ce qui est vraiment formidable, c'est la façon dont le film déconstruit les clichés habituels des films pour enfants, notamment le cliché du héros courageux et de la princesse. Ici, on raconte comment un garçon faiblard parvient à faire sa marque grâce à son intelligence et sa sensibilité, ce qui est quand même pas très commun ; à côté de ça, il y a la jeune fille plus douée que tous les autres garçons réunis, les rôles sexuels classiques sont donc en quelque sorte inversés. Et avec tout ça, Dragons entame une réflexion pertinente (bien que plutôt conventionnelle) sur ce qu'est la force dans un milieu qui valorise la virilité, mais aussi sur la fierté et l'amour père-fils. À ce sujet, on peut voir un beau parallèle avec l'homosexualité ou autres genres de traits de personnalités qui peuvent amener les pères à avoir honte de leurs enfants à cause d'une vision figée de ce que doit être l'homme. Mais le plus beau, c'est très certainement la relation qu'entretient Harold avec son dragon, relation d'interdépendance qui prend le temps nécessaire pour se développer grâce à des scènes très touchantes (quand Croque-Mou imite son nouvel ami en souriant ou en dessinant dans le sol par exemple). J'espère profondément que le second volet sera tout aussi intéressant.