La conclusion de la trilogie de Dean Deblois est le film de la maturité. Là où on nous avons vu Harold enfant découvrant et affirmant qui il était, et adolescent découvrant le sens du mot clan et les responsabilités de chef, le troisième opus va encore plus loin : Harold doit prendre des décisions difficiles, quitte à se séparer de son compagnon de jeunesse, pour le bien de sa communauté et de celle des dragons.
Le film prend la suite logique de l’épisode 2, où l’humanisme d’Harold et sa volonté de libérer tous les dragons du joug humain commence à poser sérieusement problème : cible vulnérable pour ses ennemis, le village est également de plus en plus étroit. Parallèlement son fidèle Krokmou, jusqu’ici compagnon inséparable, fait une rencontre qui va changer sa vie et sa vision des choses. Il est désormais tiraillé entre deux mondes.
Dragons 3, soutenu par une animation qui a franchement gagné en qualité depuis ses débuts, est un film d’affirmation et d’émancipation. A son crédit on peut noter la mise en avant de personnages féminins forts, que ce soit Astrid, qui forme un duo de choc avec Harold, lui le créatif et elle la rationnelle, ou Valka, la conseillère maternelle et sensible.
Le seul bémol du film est dans l’intrigue en elle-même, qui tient un peu de la répétition. Le méchant, moins charismatique que Drago, n’est pas si effrayant que ça, et ses intentions sont beaucoup moins machiavélique. Le fait d’élargir le périmètre du film en y intégrant beaucoup plus que le chef vikings local (la coalition des chefs fait plus penser à une réunion Europe-Asie) crée également quelques incohérences : où étaient-ils jusque là ? pourquoi ne pas négocier autrement ? pourquoi sont-ils aussi faibles comparés aux ennemis précédents ?
Quand au monde caché, le peu développé s’apparente plus un exercice de style, avec une animation certes grandioses, mais peu de sens au final. On n’est tout simplement moins surpris et moins émerveillé que dans le 2ème film, qui renfermait également beaucoup de poésie avec les scènes de Valka. Le final m’a également un peu laissé sur ma faim, le trouvant un peu moins cohérent que l’ensemble de l’univers :pourquoi attendre autant d’années ? Pourquoi les furies sont comme par hasard ce jour-là de sortie ? Pourquoi Krokmou n’a t-il pas rendu visite à Harold, lui qui en avait les moyens, si c’est pour conclure sur une scène de réunion ?
Donc malgré un plaisir un peu moindre lors du visionnaire et quelques incohérences, Dragons 3 reste une excellent film avec des personnages attachants et équilibrés et des thèmes adultes magistralement travaillés.