Déjà souligné dans la suite, Krokmou est encore une fois le trublion du film, multipliant les grimaces et attitudes amusantes. La poésie passe donc en second plan, nous ne sommes plus dans l'aspect introductif du premier film (modèle du genre). Dragons 3 est la dans la droite lignée du 2 avec un film rythmé qui s'attache aux acquis et ne cherche pas à révolutionner la saga.
C'est donc avec peu de surprises que le film se présente. Le scénario est somme toute simple avec une menace (Grimmel) et la recherche du monde caché qui reste juste un prétexte pour avoir une porte de sortie à la saga. Montrée dans la bande-annonce, cet endroit n'arrive que tard dans le film et n'a quasiment aucun poids dans la balance. Ce qui compte est la Light Fury, ce Krokmou blanc qui reste dans les codes enfantins puisqu'elle n'est là que pour des scènes comico-romantiques à l'exception du dernier tiers du film qui s'emballe pour offrir une belle dramaturgie.
L'effet de surprise ne marche pas à cause des bandes-annonces qui dévoilent les scènes clés. Il y a donc une redondance maladroite qui gâche un peu le plaisir. Toujours est-il que Dragons 3 sait jouer sur des acquis précieux avec des relations entre personnages toujours justes, bien tracées et pertinentes. Le script a un souci d'équilibre entre les différentes strates de l'intrigue. Grimmel, la Light Fury, le départ de Berk... Si la menace Grimmel peut paraître accessoire, la faute à un temps de présence réduit qui fait la part belle à la Light Fury. Le temps passe et on cherche la poésie. L'attente était-elle trop forte pour qu'on soit frustré à ce point? Possiblement. Assurément même. La poésie pointe son nez dans des scènes de vols et des flashbacks bien sentis qui titille la fibre nostalgie.
Avec un climax rapide, Dragons 3 se conclue avec une sensation de plénitude. Et d'un coup, après avoir retenu son émotion par frustration, on lâche les vannes. On se prend de plein fouet des émotions retenues. Dragons 3 marche sur les plate-bandes de Toy Story 3, parle de transmission, de temps qui passe, de souvenirs, de choix, de destinée. Et la scène finale, portée par un John Powell en feu, nous cloue au siège. Elle comporte tout ce que Dragons a offert, de l'émotion, de la poésie, de l'humour, de la facilité, de la simplicité mais surtout de la générosité !
Alors merci Dean DeBlois de nous avoir offert une trilogie dense avec une technique qui ne cesse de se perfectionner (les lumières et les mouvements sont d'un naturel déconcertant).