Dreaming walls
Le Chelsea Hôtel, c’est Leonard Cohen qui en parle (le chante) avec le plus de nostalgie suave dans la voix. Le pitch : alors que je viens de naître, celui qui n’est encore que poète, a tout plaqué...
Par
le 29 sept. 2024
1 j'aime
Le Chelsea Hôtel, c’est Leonard Cohen qui en parle (le chante) avec le plus de nostalgie suave dans la voix. Le pitch : alors que je viens de naître, celui qui n’est encore que poète, a tout plaqué pour (re)naître comme musicien. Il ne perce pas (encore). Cette nuit-là de 1968, dans l’ascenseur du Chelsea Hôtel, il se retrouve face à Janis Joplin. Deux égarés (à l’époque) dans l’ascenseur le plus lent de New-York (toujours à l’époque) qui finissent par passer la nuit ensemble. Ce n’est qu’après la mort de Janis Joplin que Leonard Cohen écrit sa chanson : Chelsea Hôtel #2 si émouvante et remplie de ce désir ardent d’une nuit.
Cette nuit-là, à l’origine, Cohen était parti à la recherche de Dylan Thomas. En vain. « Dylan Thomas était mort » expliquera-t-il.
C’est aussi pour rencontrer l’âme de Dylan Thomas que Patti Smiths’installe au Chelsea, « Là où vivent les grands hommes ». Là où elle s’apprête à vivre ses moments les plus brûlants en compagnie de Robert Mapplethorpe. Fauchés mais heureux : ils vivent comme des chats, au temps présent. Patti Smith y trouve une inspiration semblable à celle de Leonard Cohen : elle y écrit sa première chanson. Des années plus tard, dans le siècle d’après, elle y revient assurer la promotion de sa biographie « Just Kids » où elle se souvient des années libertaires dans cet hôtel que des artistes en devenir ont rendu mythique (ou est-ce la puissance mystérieuse du lieu qui a fait d’eux, eux tous, des artistes ?) : Kerouac et la Beat Generation. L’écrivain y termine « Sur la route » ; Allen Ginsberg sacre « Howl ». On y croise Nico et le Velvet underground, Andy Warhol et ses filles en mode split screen, avant de se faire tirer dessus par Valérie Solanas qui l’accuse d’avoir volé son manuscrit « Up your ass » ; Miller et Monroe ; Nicki de Saint-Phalle et ses Nanas ; Christo et sa femme ; Klein et son bleu. Que des histoires de couples entrés dans l’histoire de l’Art, d’artistes engagés dans la contre-culture américaine.
Patti Smith est la pierre angulaire du lieu, son itinéraire épique si étroitement mêlé à celui de l’hôtel iconique : lors de la promotion de « Just Kids » elle est rejetée par les occupants, en guerre contre le promoteur qui a racheté le Chelsea. Le capitalisme succède aux décennies punks et Patti Smith s’est embourgeoisée.Le projet immobilier prévoit une rénovation luxueuse d’ampleur à l’occasion de laquelle les appartements des locataires sont divisés (ou les loyers augmentés). On incite les uns à partir et les autres à se diviser. Un collectif de locataires résiste et les travaux prennent du retard. Mais l’argent domine.
C’est cette scission que raconte Dreaming Walls, documentaire émouvant, empreint de fantômes pas toujours glamours : Sid Vicious y commet un féminicide.
Si les piliers actuels d’une contre-culture contemporaine plus confidentielle ne sont pas des stars, ce film leur rend un vibrant hommage : ils sont 51 qui assurent aujourd’hui la résilience du Chelsea Hôtel, déterminés à en découdre, déterminés à y créer, pour l’éternité.
Créée
le 29 sept. 2024
Critique lue 14 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Dreaming Walls
Le Chelsea Hôtel, c’est Leonard Cohen qui en parle (le chante) avec le plus de nostalgie suave dans la voix. Le pitch : alors que je viens de naître, celui qui n’est encore que poète, a tout plaqué...
Par
le 29 sept. 2024
1 j'aime
Le Chelsea Hotel à New York était le temple de la contre-culture depuis plus d’un siècle. On y trouvait des artistes à tous les étages où il y régnait un esprit bohème, entre créativité, drogue et...
Par
le 8 sept. 2024
1 j'aime
Dreaming Walls revient sur la disparition du mythique Chelsea Hotel situé à New York, construit en 1883 et bientôt transformé en établissement de luxe. Ce lieu est devenu le repère de nombreux...
le 9 juil. 2022
1 j'aime
2
Du même critique
Ce film, qu’on dirait peint à l’eau des larmes et des délicatesses est un écrin de grâce et de poésie. C’est l’histoire de deux solitudes qui se trouvent et se répondent. Lui, Yan Kerrand,...
Par
il y a 2 jours
2 j'aime
Le point de départ du film est une chanson du duo japonais Humbert Humbert, d’inspiration nobakovienne et lolitaesque. L’intention est plus mélancolique que sulfureuse puisque leur chanson « My...
Par
le 29 déc. 2024
1 j'aime
Vincent Lindon acteur, me donne toujours l’impression d’avoir accepté le rôle de sa vie. Chaque film dans lequel il joue -d’ailleurs il ne joue pas, il vit- est son meilleur, il y interprète à chaque...
Par
le 24 nov. 2024
1 j'aime