Le cinéma indien reste relativement méconnu en France, où l'on a tendance à penser que Bollywood rime avec kitsch. Il suffit de regarder Drishyam de Nishikant Kamat pour changer de regard sur les productions de ce pays. Ce film est un excellent thriller, brillamment réalisé et interprété, dont l'intrigue tient en haleine jusqu'au générique de fin. Notons au passage qu'il s'agit d'un remake en hindi du film éponyme en Malayalam.
L'histoire tourne autour de Vijay Salgaonkar (Ajay Devgn), autodidacte qui dirige une petite entreprise de télévision par câble, et de sa femme, Nandini (Shriya Saran). Le couple vit avec ses deux filles dans une jolie maison à Goa. Vijay est passionné de cinéma, un détail loin d'être anecdotique.
La vie de la petite famille est bouleversée lorsque la fille aînée tue accidentellement un garçon, qui la menaçait de publier une vidéo compromettante si elle ne se donnait pas à lui. Le jeune maître chanteur n'est autre que le fils unique de la redoutée cheffe de la police de Goa, Meera Deshmukh (Tabu).
Vijay va tout faire pour dissimuler le meurtre en s'inspirant des films qu'il a vus. Mais la police parvient néanmoins à remonter jusqu'à la petite famille. Commence alors un épique jeu du chat et de la souris entre le père protecteur et la cheffe de la police, déterminée à savoir ce qui est arrivé à son fils. Comme dans un jeu d'échecs, Vijay semble conserver un coup d'avance sur Meera. L'intrigue est captivante et les rebondissements multiples. Tous les acteurs offrent une performance de qualité.
Drishyam aborde plusieurs faits de société, dont la résonance dépasse d'ailleurs l'Inde : le revenge porn en premier lieu, mais aussi les brutalités policières. Il s'affranchit de toute morale puisque dans ce film, il n'y a que des anti-héros.
Pour autant, le scénario n'est pas exempt de quelques faiblesses. La première partie aurait gagné à comporter un peu moins de longueurs. De plus, il semble étrange que l'intrigue se concentre uniquement sur les efforts de la police pour condamner la petite famille, plutôt que rechercher le garçon disparu.
Finalement, Drishyam surprend par la tension permanente qui s'en dégage et les émotions qu'il suscite. Un grand et bon spectacle !