" If I drive for you, you give me a time and a place "
Drive, commence par une séquence tout en tension, au début de laquelle une montre nous expose le timing serré. Le héros le dit lui même : " Je vous donne cinq minutes ". Cette phrase dit beaucoup de celui qui la prononce : un homme méthodique, qui s'en tient à ses principes et qui veut que rien ne dépasse le personnage interprété par Ryan Gosling : solitaire, mutique, n'ayant que la violence pour moyen d'expression. On a l'impression que Refn ne peut porter l'art de la mise en scène à son apogée qu'en faisant l'économie de la parole.
Chez lui, l'image en dit au moins autant que les mots. Drive n'arrive jamais à véritablement surprendre au niveau du scénario. Scénario efficace, mais plutôt prévisible qui empêche au film d'atteindre des sommets. Mais ce que le scénario ne donne pas, la mise en scène l'offre généreusement. D'une précision redoutable et d'une intensité accrocheuse, Drive doit sûrement ça au talent de son réalisateur danois, qui filme tout d'une manière virtuose, carrée, et du film émane un amour du cinéma parce que la mise en scène retrouve une certaine essence.
Le film entier est traversé par une tension palpable,les séquences s'enchaînent comme des promesses d'explosions.Chez Refn, la dimension cathartique est absente. Film noir, donc , film où la mécanique broie ses proies, Drive ne laisse que peu de chances à ses personnages et offre un portrait amer et désabusé du monde. Il ne faut pas oublier les acteurs, dont un Ryan Gosling impeccable.
Là où Gosling démontre qu'il est un bon acteur, c'est quand sa mélancolie se fait même ressentir dans les scènes où la violence éclate. Gosling est un excellent acteur et le film lui doit autant que la mise en scène brillante qui le parcourt.