Dès la scène d'ouverture, qui parfois n'est pas sans nous rappeler un certain Michael Mann, nous sommes déjà convaincus d'assister à quelque chose de grand, de fort : Un casse, une voiture, un chauffeur mystérieux, peu bavard, mais qui maîtrise la situation. S'ensuit un silencieux et haletant chassé-croisé avec la Police dans les rues Los Angeles. La séquence témoigne alors d'une maîtrise formelle impeccable, elle est à l'image du reste du film, hypnotique et puissante. On avait rarement vu une aussi parfaite conjonction de suspense, d'ambiance sonore, de filmage, de découpage... C'est du pain béni !


Dans la lignée de son précédents film (Le Guerrier silencieux), Nicolas Winding Refn signe ici une oeuvre brutale et contemplative, dont la force repose notamment sur un décalage extraordinaire entre pureté et cruauté, entre une sensualité omniprésente et une ultra-violence stylisée. En effet, une romance planante laisse rapidement place, entre deux ralentis esthétisés, à un polar ahurissant de noirceur. Ainsi, suite à un braquage ayant mal tourné, le héros n'hésitera pas à devenir un véritable psychopathe exterminateur pour protéger la femme qu'il aime. À ce propos, mention spéciale à la fameuse scène de l'ascenseur, ce grand moment de cinéma qui me file la chair de poule à chaque visionnage.


Ryan Gosling délivre quant à lui une interprétation à la hauteur de l'étrangeté (voire de l'autisme) de son personnage, tantôt doux comme un agneau, tantôt désarmant de froideur, faisant preuve d'un charisme impressionnant. Ce qui n'était pourtant pas gagné d'avance avec un blouson aussi... Kitsch. Le long-métrage baigne par ailleurs dans une ambiance soooo eighties, portée par une bande son déjà culte, faite de nappes de synthétiseurs (excellente partition de Cliff Martinez) et de tubes électro, comme le célèbre Nightcall de Kavinsky, que l'on associe désormais systématiquement à Drive...


Bon et puis zut, les mots me manquent et cette critique ne suffira pas à exprimer tout mon amour pour ce chef-d'oeuvre, donc je vais m'arrêter là. Certains penserons que j'exagère, pourtant il s'agit à mes yeux d'un des plus beaux films américains jamais réalisés ces dernières années, tout y est parfait. Longue vie à Nicolas Winding Refn et vivement The Neon Demon !


http://amaurycine.blogspot.com/2016/05/drive.html

Amaury-F
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top 10 Films, Les meilleurs films de 2011, Les meilleurs films des années 2010, Les meilleurs films de Nicolas Winding Refn et Bluraythèque

Créée

le 16 mai 2016

Critique lue 724 fois

3 j'aime

Amaury-F

Écrit par

Critique lue 724 fois

3

D'autres avis sur Drive

Drive
Knikov
2

J'ai du rater quelque chose

Non mais c'est une blague ? C'est quoi cette presse unanime ? ce prix de mise en scène ? On a vu le même film ? Alors certes, ce n'est pas MAL fait. Mais j'ai l'impression d'être a des kilomètres du...

le 6 oct. 2011

252 j'aime

198

Drive
drélium
5

Dry

Une masse du public en extase, une presse dithyrambique, une moyenne SC indolente, un paquet d'éclaireurs divers et variés quasi unanimes en 8 et 9. Même le projectionniste avant la séance me sort un...

le 12 oct. 2011

204 j'aime

86

Drive
GagReathle
8

You're driving me crazy

Lors de mon premier bout de chemin avec Drive, je n'avais pas été totalement satisfait du voyage. Malgré de sérieux arguments, il n'avait pas su me conduire au septième ciel. Pourtant, au départ,...

le 26 mars 2014

188 j'aime

35

Du même critique

Juste la fin du monde
Amaury-F
10

Une leçon de mise en scène

Objectivement, Juste la fin du monde est brillant à de nombreux niveaux. Quelle maîtrise, quelle inventivité ! Il n'y a pas à dire, tout semble chorégraphié au millimètre près. Pourtant, force est de...

le 17 sept. 2016

25 j'aime

1

Brice 3
Amaury-F
7

Du nawak jouissif et décomplexé

Alors que Brice de Nice premier du nom ne me laissais pas un excellent souvenir, le cinéaste James Huth et l'acteur oscarisé Jean Dujardin décident cette année de réanimer ce phénomène...

le 21 oct. 2016

23 j'aime

2

Toni Erdmann
Amaury-F
3

L'hallucination collective de Cannes

Alors, que vaut finalement cette « palme du public et de la presse » ? Ne faisons pas durer le suspense plus longtemps : J'ai du mal à m'en remettre tant ma consternation fut grande. On en ressort...

le 18 août 2016

18 j'aime

8