Dès la scène d'ouverture, qui parfois n'est pas sans nous rappeler un certain Michael Mann, nous sommes déjà convaincus d'assister à quelque chose de grand, de fort : Un casse, une voiture, un chauffeur mystérieux, peu bavard, mais qui maîtrise la situation. S'ensuit un silencieux et haletant chassé-croisé avec la Police dans les rues Los Angeles. La séquence témoigne alors d'une maîtrise formelle impeccable, elle est à l'image du reste du film, hypnotique et puissante. On avait rarement vu une aussi parfaite conjonction de suspense, d'ambiance sonore, de filmage, de découpage... C'est du pain béni !
Dans la lignée de son précédents film (Le Guerrier silencieux), Nicolas Winding Refn signe ici une oeuvre brutale et contemplative, dont la force repose notamment sur un décalage extraordinaire entre pureté et cruauté, entre une sensualité omniprésente et une ultra-violence stylisée. En effet, une romance planante laisse rapidement place, entre deux ralentis esthétisés, à un polar ahurissant de noirceur. Ainsi, suite à un braquage ayant mal tourné, le héros n'hésitera pas à devenir un véritable psychopathe exterminateur pour protéger la femme qu'il aime. À ce propos, mention spéciale à la fameuse scène de l'ascenseur, ce grand moment de cinéma qui me file la chair de poule à chaque visionnage.
Ryan Gosling délivre quant à lui une interprétation à la hauteur de l'étrangeté (voire de l'autisme) de son personnage, tantôt doux comme un agneau, tantôt désarmant de froideur, faisant preuve d'un charisme impressionnant. Ce qui n'était pourtant pas gagné d'avance avec un blouson aussi... Kitsch. Le long-métrage baigne par ailleurs dans une ambiance soooo eighties, portée par une bande son déjà culte, faite de nappes de synthétiseurs (excellente partition de Cliff Martinez) et de tubes électro, comme le célèbre Nightcall de Kavinsky, que l'on associe désormais systématiquement à Drive...
Bon et puis zut, les mots me manquent et cette critique ne suffira pas à exprimer tout mon amour pour ce chef-d'oeuvre, donc je vais m'arrêter là. Certains penserons que j'exagère, pourtant il s'agit à mes yeux d'un des plus beaux films américains jamais réalisés ces dernières années, tout y est parfait. Longue vie à Nicolas Winding Refn et vivement The Neon Demon !
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