Dans son genre, Drive est un véritable monument du cinéma d'action. Ce n’est qu’une confirmation, car il est soutenu ici depuis le début, mais Nicolas Winding Refn est un immense artiste. Avec Drive, il impose sa patte à une série B de commande pour en faire une sorte de monument ultime du genre. C’est là une nouvelle preuve, bien que pas nécessaire, que cinéma bis, et donc populaire, peut très bien rimer avec cinéma d’auteur. Il n’y a rien de régressif ou de débile dans Drive, aucune raison de ‘débrancher son cerveau’, mais des tonnes et des tonnes de très grand cinéma, ou quand un auteur amène son talent fou pour transcender un projet impossible. C’est un monument. Après 7 films il semble bien que le réalisateur danois, sans doute un des auteurs et metteurs en scène les plus fascinants du moment, n’accède pas à la reconnaissance qu’il mérite. Une sorte de James Gray, clairement virtuose, potentiellement génial, mais qui ne dépasse pas le stade de la sélection en festival, comme si son cinéma n’était qu’une vulgaire curiosité. La mise en scène de ce film est tout bonnement unique en son genre car il y a sans cesse des variations de rythme qui relancent la narration. Ce thriller amène donc soit une ambiance romantique, soit une ambiance d'action et de cruel manque d'humanité - la scène de l'ascenseur, devenue mythique pour certains dans la monde du cinéma, est un très bon exemple - Appuyé par son casting en or massif, surmonté par le décidément très surprenant Ryan Gosling, Nicolas Winding Refn déploie dans Drive des trésors de mise en scène pour aboutir sur son film le plus léché formellement. Un très bon film, à la limite du chef d'oeuvre.