Collatreal meets Pale Rider
Le Drive de Nicolas Winding Refn est un peu l'héritier du Collateral de Michael Mann, les 2 films partagent un sens de l'esthétisme extrêmement soigné, avec une ville de Los Angeles qui est un personnage à part entière, spécialement la nuit. La réalisation est de toute beauté, atmosphérique la plupart du temps, les cadrages sont parfaits, l'osmose entre la musique et les images décuple la puissance des scènes, on est littéralement en apnée durant la vision, totalement hypnotisé par la beauté de la mise en scène, et retenant son souffle sur certaines scènes tendues du slip. Le prix de la mise en scène à Cannes n'est pas du tout usurpé.
En plus de l'esthétisme ancré dans les années 80, la typo rose fluo et la bande-son pop-électro rappelle furieusement To Live and Die in LA de Friedkin (un des meilleurs, si ce n'est le meilleur polar des années 80, à voir de toute urgence si on ne connait pas), la thématique sort directement tout droit d'un film à l'ancienne de Clint Eastwood, le héros est une sorte de Pale Rider moderne, silencieux, taciturne, mais doté d'un grand coeur, et capable d'action extrêmement violente pour faire ce qu'il faut faire, Ryan Gosling est habité par son rôle, il a un côté félin dans la plupart des scènes, tout en retenu, constamment sur ses gardes, et furtif quand il le faut. Carey Mulligan qui interprète la femme qui va faire basculer le "quotidien" du driver sans nom, illumine le long-métrage de sa grâce, et ça fait plaisir de revoir la tête patibulaire de Ron Perlman qui campe un beau salopard pour changer.
Dommage que le film comporte pas mal de facilité et d'incohérences, ce sont de petits détails qui m'ont gêné, et qui empêche Drive d'être un chef d'oeuvre absolu, mais il n'en reste pas moins un excellent polar ultra-léché et dont la bande-son hypnotisante va continuer à hanter vos esprits après le visionnage.