Une sorte de western urbain, une Série B ultra-violente magnifiée par un cinéaste de talent

Nicolas Winding Refn n'en finit plus de nous surprendre, sa filmographie a elle seule reflète l'éclectisme et l'originalité du cinéaste danois. Après avoir été révélé au grand public par le biais de sa trilogie Pusher (1997/2004/2005) et après avoir réalisé des films tous plus différents les uns des autres (Bronson - 2009 & Valhalla Rising - 2010), il adapte ici le roman éponyme de James Sallis et en restitue une sorte de western urbain auquel on n'attendait rien d'autre qu'une Série B magnifiée par un cinéaste de talent. Au final, il en résulte un thriller d'une rare violence, sublimé par une mise en scène parfaitement gérée alternant des plans en accéléré ou au ralentit, une qualité photo plus que soignée, un polar où les codes sont cassés afin d'être mieux revisités (voir réinventés). Le film met en scène un homme sans nom, que l'on appellera "le Driver", il est cascadeur de cinéma le jour et chauffeur de gangsters la nuit, il mène une vie paisible, mutique et taciturne, c'est un personnage difficile à cerner et d'une profonde gentillesse (mais sous sa carapace se cache un homme à la fois protecteur et exterminateur, qui n'hésite pas à recourir à la violence pour parvenir à ses fins). Nicolas Winding Refn nous bluffe littéralement en mettant en scène Ryan Gosling dans le rôle titre (un rôle qui était initialement prévu pour Hugh Jackman). Ce dernier parvenant sans la moindre difficulté a alterner entre la sagesse et la folie pure (notamment dans l'incroyable séquence de l'ascenseur, sans oublier la séquence du motel à grands coups de fusil à pompe). En plus de magnifier son oeuvre avec des plans millimétrés (les rares scènes de poursuites en voitures), il soigne le tout grâce à l'apport d'une envoûtante (le mot est faible) B.O éléctro/pop vintage sur fond d'eighties (on retiendra notamment les morceaux suivants : "Nightcall" de Kavinsky & "A Real Hero" de College feat. Electric Youth). Mais la distribution ne se limite pas seulement à Ryan Gosling, on peut aussi saluer les prestations de Bryan Cranston, Ron Perlman, Albert Brooks, sans oublier la radieuse Carey Mulligan. Si Nicolas Winding Refn était parvenu peu à peu à sortir de l'anonymat avec ses films récents, on peut dire que cette fois-ci, il est clairement devenu bankable dans le paysage cinématographique Hollywoodien (son Prix de la Mise en Scène lors du 64ème Festival de Cannes ne fait que le confirmer).

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le 14 oct. 2011

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RENGER

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