Non, « Drive » n'est pas un chef d'œuvre. Même pas un bon film.
Et pourtant, ça commençait pas trop mal. Mais passé le générique, passé les noms des acteurs qui s'inscrivaient en rose sur l'écran, police Comic Sans MS (ou pire), c'était déjà fini pour moi. Suivent alors des avalanches de plans maniérés, des torrents de prétention, des cascades d'amour-propre impudique. Chaque plan, plus vaniteux encore que le précédent. Chaque instant, une pose. Chaque seconde de musique, offerte par le rayon « musique d'ascenseur » de Nature & Découverte.
Plongé dans un dégradé permanent de couleurs ternes, j'ai la nausée. Sortirais-je également du cinéma avec les cheveux délavés or, maquillé comme une voiture volée ?
L'entreprise d'esthétisation du mauvais goût semble sans limites. Sans parler du blouson scorpion.
On pourrait aisément m'objecter que tout ça est très subjectif, et que vraiment j'exagère avec ma mauvaise foi. Certes.
Mais alors, quel est le propos du film ? Quel est le message ? Qu'il ne faut pas penser à l'argent et sauver ceux que l'on aiment ? Que vraiment, les méchants mafieux (tous plus caricaturaux les uns que les autres) c'est pas bien ? En plus d'être du vu et revu, rien n'est bien vu.
Et puis, quelle est la psychologie des personnages, quelles sont leurs nuances ? Comment exprimer un personnage dans tout sa finesse lorsque l'acteur est constamment contraint de jouer comme un robot ?
La morale à deux balles finit de m'achever. Je rentre chez moi en colère, et à vélo.