Drive-Away Dolls
4.9
Drive-Away Dolls

Film de Ethan Coen (2024)

Non, non et non ! Ce n'est pas possible. Il faut absolument que les deux frères Coen refassent des films ensemble. Le fait qu'ils conçoivent chacun une bouse dans leur coin, c'est comme séparer des siamois qui partagent le même cerveau. Cela ne peut pas fonctionner.


Joel réalise seul son propre film et on a le droit à une adaptation pourrie et chiante de Macbeth, avec des acteurs qui jouent avec autant de vie et de profondeur que quelqu'un qui lit sa liste de courses, ainsi qu'avec une mise en scène qui pique quasiment tout à la version d'Orson Welles. Donc, en résulte un truc qui ne sert à rien, qui n'a aucune raison d'être. Et à propos de truc qui ne sert à rien, qui n'a aucune raison d'être, on a aussi Drive-Away Dolls de l'autre Coen, Ethan.

Non, balancer une vulgarité toutes les deux secondes sans creuser le moindre contexte pouvant la faire apparaître naturelle, comme coulant de source, ne peut pas donner lieu au moindre éclat de rire. De la vulgarité juste pour de la vulgarité, c'est nul.


Non, ne pas prendre le temps de bien creuser ses personnages, de leur injecter de la consistance à travers une personnalité un minimum bien définie n'aide pas non plus. Au contraire, cela accouche d'innombrables réactions sans la moindre cohérence. On passe abruptement d'une situation à une autre, d'un état d'esprit à un autre, sans rien approfondir point de vue évolution du récit et des personnages. Oui, le scénario est à chier. Il y a tout ce qu'il ne faut pas faire en termes d'écriture.


Ah oui, vous voulez un exemple précis pour souligner combien l'écriture est calamiteuse.


Alors, les deux protagonistes sont féminins. Il y a, d'un côté, une lesbienne hystérique qui ne pense qu'à brouter de la chatte (d'ailleurs, l'extrême majorité des lesbiennes sont définies comme cela dans le film parce que... voilà !), de l'autre, une lesbienne asociale qui est coincée de la sienne. Elles sont, en conséquence, deux opposées. Et le film ne prend jamais la peine d'expliquer, déjà, pourquoi ces deux caractères antinomiques décident de faire un road-trip tous les deux, qu'est-ce qui les lient au fond d'eux et pourquoi, ensuite, dans la seconde moitié, ils se rapprochent. Lors de toute la première moitié, la lesbienne obsédée (incarnée par une Margaret Qualley qui fatigue très vite avec son cabotinage... mais, je ne mets pas la faute sur elle, mais sur Ethan et l'épouse de ce dernier, Tricia Cooke, qui ont déféqué cette merde !) se comporte comme une égoïste, mettant constamment dans des positions malaisantes la lesbienne coincée et c'est tout. Rien de positif venant de sa part, elle n'est pas du tout attachante. Pourquoi elles se rapprochent alors finalement, bordel ? Ta gueule, c'est magique !


Et ce type d'exemples, je pourrais vous en citer aussi pour tous les autres personnages, à l'instar des antagonistes qui n'ont pas la possibilité d'être menaçant faute de caractérisation, de temps de présence, à cause d'un manque de contexte et d'explication pour faire comprendre pourquoi untel commet tel acte lors de telle scène. J'ai cru percevoir qu'Ethan avait sûrement pour ambition de reproduire, en mode léger, le duo inoubliable de tueurs de Fargo (oui, j'ai du mal à me faire à l'idée que le même gars ait pu coscénariser cette œuvre magistrale !), avec le nerveux et le calme, incarnés respectivement par Steve Buscemi et Peter Stormare, mais, à cause des problèmes susmentionnés, ça ne fonctionne pas du tout.


On pourrait même retirer n'importe quel personnage secondaire tellement chacun n'apporte rien de spécifique, ne serait-ce que sur le plan de l'humour. Cela ne changerait rien. Oui, c'est mal écrit à ce point. Je vous promets qu'il n'y a aucune exagération de ma part.


En supplément, il y a des scènes psychédéliques qui sont complètement inutiles, car ne rentrant pas du tout dans l'esprit d'un quelconque personnage à un quelconque moment donné (aucun ne consomme de la drogue !) ou ne faisant pas avancer l'intrigue en quoi que ce soit. C'est là seulement pour foutre deux ultra-brèves apparitions, sans le plus petit soupçon d'intérêt, de Miley Cyrus, et pour essayer de grappiller quelques minutes en plus dans un long-métrage d'une durée peu conséquente (enfin, c'est beaucoup trop long pour ce que c'est !) d'une heure et vingt-quatre minutes, générique de fin compris.


Ah oui, pour celles et ceux qui envisageraient de regarder le bousin, parce qu'il y a Matt Damon et Pedro Pascal dedans, on les voit, à tout casser, trois minutes en tout... oui, trois minutes pour les deux (avec des personnages pas du tout exploités pleinement, bien sûr, en particulier celui de Damon !).


Non, c'est impossible que ce soit le même être humain, ayant contribué à l'existence de grands films comme Raising Arizona, No Country for Old Man ou encore O Brother, Where Art Thou?, qui a sorti cet étron. Je sais pourtant que c'est vrai, néanmoins, je ne parviens pas à me forcer à l'accepter.

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le 15 mars 2024

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Plume231

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