Drive my car réunit 3 oeuvres en 1 :
- des nouvelles du génial Haruki Murakami issues de son recueil Des hommes sans femmes (Drive My Car, Shéhérazade et à un degré moindre Le Bar de Kino),
- Oncle Vania d'Anton Tchékhov qui sert de fil rouge,
- et donc la transcription en film de Ryusuke Hamaguchi.
Drive my car, ce sont d'abord 3 heures qui démarrent certes en mode diesel mais qui, au fil des images, prennent leurs sens.
A force d'émotions jouées de manière subtile.
D'événements et de situations qui éclairent sur le propos du réalisateur.
Car plus qu'une simple adaptation, Ryusuke Hamaguchi présente au spectateur une oeuvre totalement réinventée et formidablement enrichie.
La suite de l'adaptation des nouvelles de Murakami Contes du hasard et autres fantaisies est à ce titre moins convaincante.
Ainsi Drive my car ne se contente pas d'une "simple" évocation du deuil et de la mélancolie.
Le film place au centre de la narration :
- la difficulté des êtres à communiquer entre eux telle la vie vécue dans une tour de Babel,
La pièce de Tchekhov est jouée simultanément en plusieurs langues, dont le mandarin, le japonais ou encore la langue des signes.
- l'expérience de fuite face à des "drivers psychologiques internes",
Les 3 principaux protagonistes ont (eu) chacun à affronter une situation à la laquelle ils ont préféré de ne pas se confronter. L'un l'adultère de sa femme, l'autre son appétit sexuel, la dernière la schizophrénie maternelle.
- la résilience de l'être humain qui lui permet de se reconstruire ou à défaut continuité à vivre.
La dernière tirade d'Oncle Vania est jouée intégralement dans le film. On y voit notamment Sonia réconforter son oncle qui a sombré dans le désespoir.
Le lieu emblématique d'Hiroshima est évoqué de nombreuses fois.
In fine le film pose donc merveilleusement la question à laquelle chacun(e) de nous peut répondre, ou pas : qui conduit la voiture de notre vie ?