OK, le film n'est pas une réussite incontestable. Il se coltine quelques défauts embarrassants, le plus évident étant d'empiler des clichés parisiens périmés depuis belle lurette. Mais il dispose aussi d'un charme irrésistible qui le rend par dessus tout enjoué, piquant et réjouissant. Même si une ou deux chansons manquent de rythme, l'ensemble des numéros s'insère finalement assez habilement dans la trame principale, ou vient offrir de petites respirations. Tout s'enchaîne avec une fluidité sidérante. Stanley Donen reste dans un style globalement classique mais se paie quelques audaces formelles pour un résultat indubitablement maîtrisé qui flatte les mirettes. C'est simple, le film fait facilement 10 ans de moins que son âge.
Au départ, Audrey Hepburn a tout de l'erreur de casting manifeste. Il faudrait avoir des billes à la place des yeux pour ne pas remarquer chez elle une photogénie plus qu'évidente, et ce ne sont pas des cheveux secs qui peuvent y changer grand chose... Mais au-delà de cette anomalie de départ, une fois que l'intrigue s'installe à Paris, une autre évidence s'impose : il n'y avait pas meilleur choix pour incarner Jo. En deux minutes de pas délirants dans un café underground, sa gestuelle maladroite mais assurée et ses expressions mutines assurent au film au moins une scène culte, un de ces moments suspendus derrière lesquels court tout cinéphile. Après ça, même Astaire a l'air d'un tâcheron sans conviction. C'est dire, car lui non plus ne démérite pas, dans son style caractéristique.
Drôle de Frimousse passe à côté de son sujet en dépeignant un milieu de la mode assez cucul et en oubliant de s'étendre sur l'image de la femme dans la publicité. Mais qu'importe, vu l'affiche on ne s'attendait pas à une dissertation, et l'essentiel est ailleurs : dans le délice naïf et frais du musical 50's.