Chinese Connection
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Maintenant qu'il est connu en Occident, qu'il est invité dans les festivals et que l'establishment parisien l'a classé "auteur", Johnnie To peut enfin passer à la moulinette de la critique bien-pensante.
Jugé manichéen par certains rédacteurs de journaux ou magazines hexagonaux son Drug War est avant tout un sacré morceau de bravoure dans le domaine de la virtuosité. Johnnie To arrive en Chine est signe une œuvre directe et viscérale sur fond de démantèlement d'un trafic de stupéfiants.
Filmé sur le territoire chinois, il attire forcément les regards courroucés du petit monde des critiques moralistes occidentaux qui ne s'intéressent encore une fois qu'à l'aspect foncier sous forme de concession à la justice anti droit de l'hommiste chinoise. Certes celle-ci est plus que discutable, mais ce n'est absolument pas le point d'accroche déterminant que To cherche à mettre en avant. En gros il s'en fout un peu et ce n'est absolument pas vers cette direction qu'il faut appréhender son film pour l'apprécier à sa juste valeur.
Si on l'aborde sous son angle habituel, c'est à dire un cinéma de la mise en scène méthodique et virtuose, et que l'on veut bien s'arrêter sur son principal intérêt qui est vraisemblablement d'ordre visuel, on adopte immédiatement un point de vue beaucoup plus intéressant. Laissons la théorisation au grands théoriciens de ce siècle, ils nous foutront la paix pendant qu'ils disserteront sur tout et au final rien...
Entre deux scènes d'investigation policière, on assiste à quelques uns des plus grands morceaux de bravoure dans le domaine du gunfight chorégraphique qu'il nous ai été donné de voir depuis longtemps. Heat de Michael Mann peut-être...?
La scène finale mêlant cascades, froissement de tôles et fusillade en pleine rue est un monument du genre est vaut à elle seule plus que tout autre considération. Le duo flic truand, interprèté par l'acteur chinois Sun Hong-Lei et la star hongkongaise Louis Koo est dans la continuation de ce que To à souvent mis en avant afin d'appliquer la notion de dualité à la fois Melvillienne (ses héros sombres et charismatiques) et westernienne (les flingues chantent au son de leur culasse) de son œuvre.
Ré-œuvrant depuis dans la comédie romantique mielleuse, aspect bien moins intéressant de son cinéma, il devrait revenir prochainement au genre polar qui en fait l'un de ses meilleurs illustrateurs contemporains toute nationalité comprise, avec le 3ème volet de sa grande saga maffieuse, Election.
Pour peu qu'on l'aborde comme il se doit de l'être, Drug War est un immense morceau de bravoure stylisé et l'un des plus beaux polars qu'il nous était donné de voir depuis belle lurette.
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Créée
le 3 juin 2016
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