Avant de débuter ma critique à proprement parler, je vais me livrer à une confession intime qui je le pense soulignera à quel point ce film résonne en moi.


J'ai un passé de toxicomane, or si pendant un certain temps ma consommation de diverses drogues ne présentait pas de problèmes particuliers et que tous les effets "positifs" décrits dans le film pour l'alcool, comme la confiance en soi, la sociabilité etc. sont comparables, les effets négatifs qui apparaissent dès lors qu'on augmente les doses ou que les prises sont de plus en plus rapprochées le sont tout autant. Preuve selon moi qu'au final ce qui distingue l'alcool de la drogue (quelle qu'elle soit) ne réside pas dans un quelconque niveau de toxicité mais bel et bien dans le choix des législateurs de classer telle ou telle substance comme illégale ou pas.


Dès que j'ai eu connaissance de ce film, je voulais absolument le voir, hélas je n'ai pas pu le voir en salle, mais je tenais à ne pas le voir sur un site de streaming gratuit et à donc l'acheter en support physique en me disant qu'au pire si je n'aimais pas, je pourrais toujours l'échanger à la bourse d'échanges que je fréquente. Conclusion, j'ai adoré ce film et l'avoir désormais dans ma collection personnelle de DVD me ravit.


On suit 4 hommes qui au tournant de la quarantaine font un bilan. plutôt pessimiste ou du tout du moins désabusé de leur vie, entre impression de stagner au niveau professionnel, manque d'ambition, de motivation, vie privée en déliquescence et autres pans de la vie perdus entre désillusion ou "qu'avons nous fait de nos rêves ou projets" jusqu'au jour où ils découvrent la théorie d'un psychologue norvégien qui prétend que l'homme aurait dès la naissance un déficit d'alcool qu'il conviendrait de compenser en maintenant un niveau d'alcoolémie constant qui aiderait à son propre développement tout comme à améliorer ses aptitudes sociales. Il n'en faudra pas plus pour que nos 4 compères se lancent dans une expérience sociale et scientifique, qu'ils veulent réaliser avec tout le sérieux d'une étude empirique afin de vérifier la véracité de cette théorie.


Thomas VINTERBERG déroule dès lors une comédie acide sociale à l'humour présent mais jamais envahissant, qui se mue en mélodrame qui a la politesse de réveiller en vous des émotions sincères et profondément humaines sans tomber dans le pathos ou verser dans le tire-larmes forcé. Sans spoiler, une des scènes finales où un petit garçon qu'un des personnages avait pris sous son aile, témoigne de son attachement à son mentor m'a littéralement fait pleurer, et ils ne sont pas si nombreux que ça les films qui arrivent à m'émouvoir à ce point.

Le scénario réussit à entrouvrir un récit qui pourrait tomber dans le "ouin-ouin" pour en faire un élan d'humanité et de considérations et questionnement universels sur le temps qui passe et le rythme du monde opposés à nos réalisations, actes manqués et parcours personnels.


Niveau casting et acting, si Mads MIKKELSEN est tout simplement sublime, d'une justesse et d'une émotion incroyable, les autres acteurs sont au diapason et l'écriture précise de leurs personnages est servie avec maestria par leurs jeux.


Ce film va grandir en moi, il y a longtemps que je n'avais pas été aussi enthousiaste, que je n'avais pas eu mes émotions primaires autant percutées, du rire au larmes en passant par les inévitables questions que l'on se pose, non seulement lorsque comme moi on bénéficie d'une expérience comparable mais qu'on est soi-même à l'âge des bilans et que du coup ce quatuor représente votre parcours.

Spectateur-Lambda
9

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Créée

le 4 août 2022

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