« Du silence et des ombres » est adapté du classique de la littérature américaine « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur ». Le récit prend place dans les années 1930, pendant la Grande Dépression et raconte le combat d’un avocat pour défendre un homme noir accusé de viol dans un climat de racisme exacerbé. On suit le drame depuis le point de vue de sa jeune fille, Scout.
Je dois dire que j’ai été très ému par ce film, l’histoire est vertigineuse et surtout atrocement bouleversante. Le sujet de fond, le racisme, est exposé tel quel, sans tortiller. Heureusement, une lueur d’espoir brille au milieu de cette violence ambiante en la personne d’Atticus, l’avocat, humble et intelligent. Mais j’avoue qu’à certains moments le film nous donne le sentiment que l’humanité (et dans ce cas précis les Américains) est indécrottable, comme si finalement le racisme était tellement ancré en elle qu’elle ne pourra jamais s’en repentir. Tant de haine donne le vertige.
J’ai aimé la cohabitation de la poésie et de la violence dans cette œuvre. La confrontation entre le monde de l’enfance et celui des grands. En nous situant à la place des enfants, l’œuvre nous rappelle à quel point ce combat est nécessaire, mais surtout grotesque et honteux. Comment se fait-il que des hommes doivent se battre pour être légal d’autres hommes ? Il y a des choses qu’un enfant aura beaucoup de difficulté à comprendre, la bêtise des adultes, et cette histoire le montre merveilleusement bien, avec tout ce que cela implique d’horreur. Bien sûr, j’ai trouvé ce film admirable, et surtout nécessaire.
Pour parler des autres aspects de la production, je dirais que l’esthétique, le rythme et l’ambiance manquent de variété, d’énergie. En revanche, les personnages sont décrits de manière sublime. La musique est intéressante.
Au final, c’est une œuvre qui mérite amplement sa place parmi les chefs-d’œuvre du cinéma, malgré ses faiblesses techniques. L’histoire emporte tout sur son passage, et se dessine avec une délicatesse et une poésie hors normes, tout cela pour décrire la laideur de l'âme, l'une des pires bassesses de l’humanité.