Avec đ·đąđđ đđđđđŠ, Craig Gillespie s'attĂšle Ă retracer l'Ă©popĂ©e du Short Squeeze de GameStop en 2021, oĂč une foule d'investisseurs amateurs a dĂ©fiĂ© les colosses de Wall Street. Sur le papier, le sujet offrait une opportunitĂ© en or pour une satire mordante du capitalisme financier moderne, une exploration profonde des dynamiques entre les Ă©lites Ă©conomiques et le peuple connectĂ©. Malheureusement, le film s'enlise dans une simplification manichĂ©enne qui trahit la complexitĂ© de son propos.
DĂšs les premiĂšres scĂšnes, Gillespie opte pour une dichotomie simpliste, les "mĂ©chants" riches, caricaturĂ©s en milliardaires sans scrupules, face aux "gentils" dĂ©sireux de renverser l'ordre Ă©tabli, mais dont les motivations se rĂ©sument finalement Ă acquĂ©rir la mĂȘme richesse que ceux qu'ils prĂ©tendent combattre. Cette absence de nuance annihile toute possibilitĂ© d'une vĂ©ritable critique sociale. Le film manque d'adresse en prĂ©sentant des antagonistes et des protagonistes aux actions indiffĂ©renciĂ©es, sans jamais approfondir leurs motivations ou leurs contradictions. N'espĂ©rez pas une exploration plus profonde des personnages; ils restent figĂ©s dans des archĂ©types sans relief.
La mise en scĂšne, qui se veut dynamique, Ă©choue Ă insuffler le souffle Ă©pique que l'histoire mĂ©ritait. Les dialogues, souvent maladroits, oscillent entre un didactisme pesant et un humour forcĂ© qui tombe Ă plat. Les performances des acteurs, bien que sincĂšres, sont entravĂ©es par des caractĂ©risations stĂ©rĂ©otypĂ©es, les confinant Ă des rĂŽles superficiels. Chaque scĂšne manque de tension, et la rĂ©pĂ©tition des mĂȘmes interactions finit par lasser, donnant l'impression d'assister Ă une reconstitution plutĂŽt qu'Ă une vĂ©ritable immersion dans l'effervescence du moment.
Ce qui aurait pu ĂȘtre une rĂ©flexion incisive sur les inĂ©galitĂ©s Ă©conomiques et le pouvoir des masses connectĂ©es se transforme en un rĂ©cit plat, dĂ©pourvu de profondeur. đ·đąđđ đđđđđŠ effleure Ă peine les frustrations sociales ou le dĂ©sir de revanche qui ont alimentĂ© le mouvement autour de GameStop. Au lieu de questionner les mĂ©canismes d'un systĂšme financier inĂ©galitaire ou d'explorer les contradictions des protagonistes, le film se contente d'une narration linĂ©aire et superficielle. Il Ă©choue Ă saisir l'essence mĂȘme de cette rĂ©volte numĂ©rique, Ă savoir la quĂȘte de justice face Ă un systĂšme perçu comme corrompu.
On ne peut s'empĂȘcher de penser que le sujet aurait gagnĂ© Ă ĂȘtre traitĂ© sous forme documentaire, permettant d'explorer avec rigueur les nuances et les implications de cette affaire complexe. En l'Ă©tat, đ·đąđđ đđđđđŠ ressemble Ă une occasion manquĂ©e, un film qui survole son sujet sans jamais l'approfondir. L'absence d'une vĂ©ritable perspective critique et le refus de diffĂ©rencier les actions des personnages laissent le spectateur sur sa faim, face Ă une Ćuvre qui promet beaucoup mais n'offre finalement que peu.
En dĂ©finitive, đ·đąđđ đđđđđŠ illustre les limites d'une satire qui refuse de se confronter Ă la complexitĂ© de son Ă©poque. En choisissant la facilitĂ© du manichĂ©isme et en nĂ©gligeant la profondeur de ses personnages, le film se prive de l'impact qu'il aurait pu avoir en questionnant rĂ©ellement les rouages du capitalisme financier et les motivations de ceux qui le dĂ©fient.