On est loin de l'excentricité bigarée de la version eighties de David Lynch ou des storyboards délirants de Jodorowsky, Denis Villeneuve oblige on est presque dans un film en noir et blanc aux multiples nuances de gris, heureusement qu'il y a un peu de sable pour varier les tons et les couleurs. Le décorum minimaliste est dans la même veine avec ces architectures bunkerisées et ces costumes qui ressemblent à des cosplays du IIIème Reich. La musique aux sonorités métalliques ponctuée des fameux vibrato stridents que Hans Zimmer affectionne tant parachève le tableau. Toute cette direction artistique austère finit néanmoins par opérer peu à peu jusqu'à emporter l'adhésion et rendre l'expérience vraiment sensorielle voire assez tripante. Les flash forward ainsi que la photographie éthérée confèrent qui plus est une atmosphère mystique à l'ensemble qui rythme intensèment le film en nous tenant absorbés pendant les 2H35 du métrage.
Villeneuve a su adapter l'oeuvre originelle sans la trahir grâce à ce découpage pertinent qui permet à la narration de s'attarder suffisamment pour exposer avec justesse le contexte geopolitique et sociétal complexe de l'univers Dunien qui en fait toute la substance. Le casting de standing s'accorde plutôt bien à la stature de chaque personnage et même si les acteurs n'ont pas vraiment l'occasion de briller ils font le boulot proprement. En quelques courtes scènes Stellan Skarsgård tire son épingle du jeu en réussissant à dégager une aura de puissance sourde impressionnante et ce malgré ses suspenseurs et sa traîne de mariée qui auraient pu le rendre totalement ridicule, au contraire ça lui donne l'air d'un Nosferatu ventripotant dérangeant à souhait. Au final ce remake tant attendu ne déçoit pas malgré la froideur esthétique Villeneuvienne en désaccord avec l'environnement dépeint et qui handicape quelque peu le volet émotionnel de l'aventure.