Comment pourrait-on découvrir Dune autrement que dans une salle de cinéma ?
Denis Villeneuve enchaîne encore en proposant un film d’une qualité redoutable. Ce gars-là est taillé pour les grands rendez-vous, et a déjà l’une des plus belles filmographies modernes. Après m’avoir réconcilié avec l’univers de Blade Runner, il arrive maintenant à m’accrocher à celui de Dune, et ce n’était pas mince à faire tant on partait de loin. Si je reconnais avoir été dégoûté de le savoir perdre de nombreuses années à adapter ce qui semblait inadaptable, je suis conquis. Il faut dire que j’avais détesté le Dune de Lynch, trop kitsch et incompréhensible en plus d’avoir mal vieilli. Ici c’est tout l’inverse, le film est moderne et bien fichu de bout en bout. Le scénario est limpide et j’ai été surpris de tout comprendre sans avoir été pris par la main. Ou du moins d’avoir eu le sentiment d’être pris pour plus bête que je ne le suis afin de comprendre les enjeux de l’histoire et son univers qui pourrait en effrayer plus d’un.
Je ne suis pas très difficile à convaincre puisque tout dans ce film me parle. C’est le Cinéma que j’aime. Un blockbuster d’auteur pourrait-on même écrire ! La direction artistique, l’ambiance, le réalisme de la violence, la démesure et le poids de l’image par la contemplation c’est précisément ce que j’affectionne le plus, et Denis Villeneuve, dans la lignée de ses œuvres précédentes, lâche les chevaux pour nous captiver. On est très loin des formules préconçues qui nous assaillent depuis plusieurs années, et que ça fait du bien !
Alors bien sûr, le réalisateur est connu pour sa froideur, et son minimalisme, qui a mon sens fonctionnent ici. Certains décors, absolument grandioses sont un peu vides, notamment sur Arrakis. On a du mal à ressentir la dureté de la planète ou la chaleur, la faute à un choix de couleur cohérent mais froid, qui contraste avec le soleil de plomb. Denis Villeneuve met davantage en avant le chaos et la mort, plutôt que la crasse d’un tel environnement en faisant ce choix. Certains plans sont très sombres, ce qui étonne quand on est habitué à des lumières surexposées et télévisuelles.
Le film est long, trop pour beaucoup. Me concernant si ça durait une heure de plus, je n’aurais eu aucun problème autre que ma vessie pour aller au bout d’un premier chapitre qui m’a fasciné. Malgré quelques longueurs (rares) et un manque d’action, je suis resté scotché à mon fauteuil la faute à une ambiance écrasante et une image d’une force rare. La frustration était présente à la fin du film en se disant, mince ça se termine ici.
Ce qui m’empêche d’aller plus haut dans ma note est peut-être un manque d’épique et une faiblesse dans l’action, compte tenu de la durée du film. J’aurais aimé plus de temps dans l’invasion et la mise à mort du clan Atréides. Ce qui aurait peut-être permis de voir plus longtemps certains personnages passés en second plan comme ceux de Dave Bautista, Jason Momoa et Josh Brolin.
Côté casting, on a une pléiade de stars dont la liste serait trop longue à écrire. Tous impeccables bien que certains sous-exploités. Je suis définitivement conquis par Oscar Isaac, charismatique. Tout comme j’aime profondément Charlotte Rampling. Les deux rôles principaux, Rebecca Ferguson incoyable, et Timothée Chalamet sont parfaits. Le jeune acteur trouve ici son plus grand rôle.
La musique de Hans Zimmer est bonne mais pas transcendante à mon sens, seuls quelques thèmes dénotent alors que l’ambiance globale demeure extraordinaire.
En définitive, Dune est une force de frappe colossale contre les services de streaming, n’en déplaisent à certains. J’entends bien sûr la découverte en salle et non l’outil que sont les plateformes. C’est un symbole fort de qu’est ce qu’un film peut être quand on a de l’ambition. C’est une première partie qui pourrait lancer une nouvelle saga absolument délirante, bien loin des autres franchises usées. Mais malheureusement, je suis dubitatif quant à la réalisation d’une suite que j’espère. Le matériau de base et les difficultés à mettre en image pour le grand public auront je pense raison d’un engouement global et d’un grand succès commercial. A l’instar d’un Alita Battle Angel ou pour l’exemple Warner, Justice League, je suis convaincu que les studios s’arrêteront là, et j’en suis d’ores et déjà peiné. Pourvu que l’histoire me donne tort.
8/10.