J'ai longtemps rêvé d'Arrakis.


J'ai longtemps désiré sentir la chaleur brûlante de son sable sous mes pieds. Poser mon regard sur son horizon de dunes sans fin et m'abandonner doucement aux effets hallucinatoires et enivrants de l'Epice.


Et me perdre dans les méandres de son histoire, de ses enjeux passionnants et de ses rivalités oscillant entre charge politique, religion, véritable mythologie, prophétie et superstitions. Le tout dans une drôle d'atmosphère parfois irréelle, mais terriblement actuelle, comme par une ruse de l'histoire contemporaine, dans un pays vaincu en pleine transmission du pouvoir, en plein désert, dans des décors partagés entre le troglodysme le plus brut, et l'architecture et les motifs moyen-orientaux.


J'ai longtemps rêvé, sans jamais penser que je le verrai un jour de mes yeux, de cette science fiction qui garde un pied dans le passé, plus particulièrement dans la chevalerie, qui souligne le passé intimidant de la planète, l'héritage des différentes maisons et la prise de pouvoir de la génération montante en pleine tourmente guerrière. Une génération instrumentalisée par des enjeux qui la dépasse, promise à la tragédie. Une génération d'Atréides à laquelle Timothée Chalamet, que l'on n'aurait jamais imaginé ici, prête ses traits fins et son incertitude.


J'ai retrouvé dans mes rêves comme la contamination d'un Premier Contact, celle du langage et de son pouvoir, qu'il soit oral ou écrit. Celle de visions de décors enfouis dans le sable d'Arrakis, de survol d'une ville comme il en avait été fait en 2049.


Et je me suis abandonné à un sentiment parfois contemplatif dans la tête d'un jeune homme en recherche de lui-même et de son destin immédiat. Qui cède parfois à des visions étranges, ouatées, baignées d'une lumière enveloppante et chaude, de personnages en forme de fantôme ou d'augure.


... Jusqu'à ce que la guerre éclate en pleine nuit, que la ville s'embrase et s'illumine d'explosions inondant le premier plan de mon rêve qui devint éveillé, terrible, mettant en scène l'anéantissement d'une civilisation, d'une identité, d'une famille. Un rêve devenu haletant et épique, le temps de l'engloutissement inéluctable d'une moissonneuse. Qui se mue en tragédie grecque irriguée de plans terrassants, comme cette bouche de ver en forme d'oeil qui avale littéralement le cadre de mes songes.


Des songes qui se sont bientôt teintés de sodalite, quand les fremens ont ouvert leurs yeux pour la première fois, remplis d'exotisme, mais aussi de défiance, de fierté et d'une liberté qui ne sera jamais rendue face au joug de la régence de leur planète.


Je n'aurais jamais osé rêver de manière aussi riche d'un univers à nul autre pareil, ni me perdre dans un tel océan à la texture aussi palpable, qui semble respirer sous mes pas, et incarner le danger à chaque instant. Le tout rythmé d'une musique entêtante qui prolonge l'émerveillement et l'enchantement des visions quasi surnaturelles mises en scène.


Je n'aurais jamais osé rêver d'un tel chef d'oeuvre aussi stimulant, épique, dense ou opulente, qui ne peut que donner envie de voir une partie II le plus rapidement possible, tant la réussite est éclatante, l'onirisme est merveilleux, le spectacle est précieux.


J'ai longtemps rêvé de Dune.


Behind_the_Mask, qui a beaucoup d'attraits pour les Atréïdes.

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