(Attention, il y a pas mal de spoilers, roman compris.)
C'est en lisant le roman d'origine qu'on se rend compte que Dune n'est pas une bonne adaptation, en plus d'être un film assez moyen. Le casting semble avoir été foiré du début à la fin, mention spéciale décernée à Patrick Stewart pour son rôle de guerrier-ménestrel inerte et à Dean Stockwell pour son physique de traître parfait. Je rappelle quand même que Gurney est censé pousser la chansonnette avec sa balisette, que le docteur Yueh est censé être quelqu'un de relativement massif avec une tresse sur l'épaule, et je ne parlerai pas de tous les autres acteurs qui ne correspondent pas non plus physiquement (l'Empereur, Feyd-Rautha, Kynes...). Seuls Thufir Hawat, le Duc Leto Atreides et Irulan (celle qu'on voit cinq minutes au début du film) me semblent parfaits dans leurs rôles respectifs.
Mais le massacre ne s'arrête pas en si bon chemin, puisqu'il a bien fallu choisir certaines scènes pour rentrer dans le format deux heures dix. Peut-on reprocher au réalisateur d'avoir dû trier ? Non, mais on peut lui reprocher d'avoir viré autant de scènes importantes [1] et d'en avoir ajouté d'aussi inutiles, et de changer indirectement l'aura de certains personnages [2]. Dune est un roman qui, selon moi, aurait gagné à être traité sous la forme d'une dilogie de deux heures ou d'un seul long-métrage de quatre.
Pour finir, une esthétique assez ratée vient ajouter du plomb dans l'aile à cette adaptation déjà meurtrie par les failles scénaristiques et temporelles, qui rendent à elles seules le scénario difficilement compréhensible pour quelqu'un n'ayant pas lu le roman. Pour ce dernier, Dune sera sûrement un film longuet et sans grand intérêt, même pour un amateur de science-fiction. Inutile de mentionner les boucliers carrés, ou le navigateur de la guilde à tête de vagin. Tout est très kitsch. Et vas-y que je te balance du cannibalisme et du roux chez les Harkonnen...
De la « daube de Lynch » (citation d'un pote, mais je n'en pense pas vraiment moins), on ne retiendra que la brillante musique de Toto et le magnifique thème de la prophétie de Brian Eno.
Pourquoi cinq sur dix, et pas moins ? Probablement parce que ce film a accompagné mon enfance, entre deux VHS de Star Wars, de Planète Interdite ou de Earth Star Voyager usées jusqu'à la corde.
[1] A peu près toutes les scènes chez les Fremen : l'amtal, Harah, le fils assassiné, les troubles causés par Alia, le conflit d'autorité entre Paul et Stilgar, les difficultés d'intégration de Paul et Jessica...
De plus, la plupart des personnages secondaires deviennent franchement inutiles, notamment Thufir Hawat (dont la confrontation avec Jessica a été supprimée), Kynes, Duncan et Gurney.
[2] Paul, notamment, a déjà la trentaine, ce qui ne renforce pas son parcours initiatique déjà quasiment détruit par le scénario. Et que dire de la fin où le messie parle en lieu et place de Paul-Muad'Dib Atréides cherchant à négocier sa place sur le trône et à se libérer de l'ombre du jihad ?
D'autres personnages, en particulier Chani et Jessica, ne sortent que trois répliques dans tout le film, puis servent à meubler. Enfin, les Sardaukar donnent l'impression d'être particulièrement inutiles, puisqu'aucune mention du pogrom Fremen n'est faite.