La traversée du désert

Denis Villeneuve, ce réalisateur qui monte, et qui se crée sa patte dans le paysage hollywoodien.
J'avais vraiment beaucoup aimé Sicario et Arrival, qui permettaient d'instaurer une tension forte sans surenchère visuelle ou artificielle.
Puis vint Blade Runner 2049, ou "Blade Runner 2h49" pour le grand public, resté relativement froid devant ce film contemplatif quasiment interminable. Même si l'esthétique m'avait imprégné la rétine, je l'avais aussi trouvé interminable, sans la moindre tension à même de nous garder éveillés.

Arrive maintenant cette nouvelle adaptation de Dune. Le décor est très vite planté, on reste dans la veine de BR2049: l'esthétique sera léchée, et l'histoire prendra son temps.
D'entrée, je ne suis pas entré dedans. On nous raconte assez vite le contexte (Atréides, Harkonnen...) mais semi-artificiellement. Pas de séquence introductive clairement marquée comme on peut en avoir dans Le Seigneur des Anneaux ou La Momie. Pas de construction plus subtile à travers les personnages, mais plutôt des explications sorties un peu de nulle part via une radio ou des choses du genre. Un démarrage en demi-teinte qui ne m'a pas embarqué.

L'esthétisme fait désormais partie de la patte de Denis Villeneuve. Oui, c'est plutôt joli et léché. Reste à faire en sorte que ça serve à quelque chose.
Visuellement, on voit bien que le réalisateur a voulu profiter de faire son Star Wars personnel, avec des références relativement subtiles mais nombreuses (X-Wings, port spatial de Mos Eisley...). Mais il n'en a pas du tout repris les codes, ni le rythme de narration.

La musique de Hans Zimmer, perso je l'ai trouvée transparente. J'aime bien quand il en fait des caisses pour Christopher Nolan. Là c'est à mes oreilles comme s'il n'y avait pas de musique entourant ce film. Autre déception pour moi.

Le rythme de narration, autre patte de Villeneuve depuis BR2049. Et c'est clairement là que je suis profondément déçu. Des films de 3h pendant lesquels je ne vois pas le temps passer, j'en connais. Là on dirait qu'il cherche volontairement à endormir le spectateur. Prendre le temps de construire ses personnages et son intrigue, ok. Encore faut-il effectivement construire des personnages et une intrigue.
Il se passe quoi pendant ces 2h30 de Dune? Une famille débarque sur une planète, subit un assaut meurtrier puis les 2 survivants fuient dans le désert. Voilà. En 10 secondes vous avez lu le pitch complet du film.
Les personnages. Qu'a-t-on construit? Que dire à propos de Leto? Paul? Ce dernier a quelques rêves et apprend à surmonter sa peur. Sa mère? On apprend juste sur le tard qu'elle sait se battre. 2h30 pour ne pratiquement rien construire sur les personnages.
La tension. La quoi? Le rythme. Le quoi? Garder un spectateur en haleine, ça veut dire lui vendre un produit, lui donner envie de connaître la suite, instaurer un suspense, proposer quelque chose qui attire l'attention. Ça fait élitiste d'aimer les films d'auteur interminables. Perso j'aime qu'on me raconte quelque chose. C'est quand-même le principe d'un film.

Le casting. Très relevé, mais personne n'a l'occasion de mettre son talent à disposition d'un personnage ayant quelque dialogue ou émotion à raconter.

Alors voilà, ma critique est passablement à charge du film, mais à part la photographie, je n'ai pas aimé grand chose.