Par ce titre, je ne parle pas du film qu'il aurait voulu réaliser, mais de sa réaction trouvable dans cet article.
Alors, soyons tout à fait honnête. Le film est beau, le film est magnifique. Je suis prêt à admettre toutes les qualités que vous voudrez bien lui trouver. Les décors sont somptueux, les acteurs bien choisis, le travail sur les sons et la musique est énorme et nous donne à entendre cet autre monde. Mais c'est si plat, si calculé, si controlé.
Tout est si contrôlé qu'il n'y a pas un pet de gras, et par conséquent, pas un pet de vie. J'avais juste envie de foutre un coup de pied dans la caméra pour l'amener à se détendre (drôle de massage certes)
Parce que le problème, c'est que malgré tout le budget, malgré tous les talents amenés dans cette adaptation, bah au final je n'en retiens rien, rien d'autre qu'un flou jaune et bleu assourdissant. Ça manque d'un grain de folie qui rendrait le tout plus humain. Mais comme le bouquin est énorme à adapter, y a pas vraiment le temps de bien se poser et faire monter la sauce. Tout est constamment écrasé par le mythe qui doit être mis en place. Le problème de Dune le bouquin c'est qu'à chaque scène, y a trente-six mille forces et sous-entendu en présence qui donnent à chaque situation le gout d'un imbroglio politiques pas possible. Or ça pour le comprendre, faut vraiment le lire, et ces lignes d'explication ne tiennent pas dans les images d'un film. D'une série style got à la limite.
Passons l'adaptation, et parlons un peu du film en lui même, et à mon avis une scène est symptomatique du reste.
Celle sur la planète des Sardaukar. Déja la musique est cool. Le grolleur qui à avaler une guimbarde, ça marche bien et j'ai envie de réécouter la musique. Cependant, ça va trop vite. On voit les légions de sardaukar se préparer pour le combat par un rituel ou des femmes leur appliquent des points de sang sur le front. Pendant une seconde, on voit que ce sang provient d'une légion de supplicié cruxifié la tête en bas et leurs sang s'écoulent par des rigoles jusqu'a un bassin ou les femmes récoltent le sang pour le rituel. Normalement, j'aurai dû être terrifié, être mal à l'aise, ressentir toute la cruauté de cet empire et toute l'horreur bestiale de cette légion d'élite ; à la place je me suis demandé si j'avais bien vu. Ayant lu le tome 4 de l'agent des ombres, je connaissais le dispositif et j'ai pu l'interpréter assez vite pour savoir ce qui se passait dans le film, mais c'est tout. J'ai compris. Pas ressenti. Et tout le reste du film est du même acabit. Le film ne se pose jamais pour voir ses à cotés, donner le gras du monde, son ressenti.
Tous ces décors, je n'ai pas l'impression qu'il existe en dehors de la caméra. Ces musiques, elles apparaissent aux décibels près. Ces costumes, ils sont bien beaux, mais je les ai déjà vu dans des clips musicaux. Ces lumières, elles sont magnifiques, mais je ne ne suis pas là pour voir une suite de fond d'écran en mouvement. Tout est perpétuellement sous un contrôle strict qui donne de belle images, mais j'ai l'impression que ces images sont de la poudre aux yeux. Ou de l'épice. Quelque chose de beaux parcequ'on peut le faire, parce qu'on a le budget, mais l'argent n'achète pas "l'âme", et c'est l'âme, qui entrant en communion avec la notre, marque indélébilement notre être.
Alors oui, je comprends Jodorowsky.