Il y a les films, qui ne sont-et, souvent, ne se veulent être-, que des films oubliables ; ce sont des films, que pas grand-chose, ne singularise, dans la grande masse des oeuvres de cinéma ; on les oublie, aussi vite qu'on les a vu.
Et puis, il y a les films, qui sont faits par des créateurs, en quête perpétuelle de l'oeuvre d'art parfaite, celle qui restera dans les décennies, les siècles, les millénaires, celle qui, pour une raison quelconque, marquera le cinéma, à tout jamais. C'est cette démarche-là, qui fait les grands films, même si elle causa aussi beaucoup d'échecs. N'est pas un grand réalisateur, qui veut, mais il faut vouloir être un grand, pour l'être.
Parmi ses oeuvres-là, on peut en distinguer différentes ; il y a celles, qui, marquent surtout par la perfection de leur scénario (Douze hommes en colère, est sans doute de celles-ci), celles qui souhaitent marquer par le grandiose de leur univers visuel, graphique, celles qui combinent plusieurs moyens pour marquer... Et puis, il y a celles, qui souhaitent procurer une expérience totale, scotcher le spectateur à son siège, en procurant une expérience de cinéma complète, parfaitement aboutie, totale, combinant son et image, une expérience sensitive.
Dune, de Denis Villeneuve, entre clairement dans la dernière catégorie ; pour le réalisateur québécois, le cinéma, doit transporter le spectateur, toucher ses sens, pour mieux impressionner, plaire, émouvoir, transcender.
Cette approche, me rappelle celle, toutes proportions gardées, de Stanley Kubrick, dans 2001 : l'Odyssée de l'Espace ; effectivement, si le scénario de 2001 : l'Odyssée de l'Espace, est d'une grande et remarquable intelligence, il me semble que ce n'est pas cela, qui émeut tant, dans ce grand film ; on se souvient sans doute plus, de 2001 : l'Odyssée de l'Espace, pour la mise en scène, l'image, le son, que, pour la finesse de l'écriture de ses dialogues ou ses personnages.
Bien sûr, d'autres films importants, ont adopté une approche différente, et c'est tout à fait honorable et cela a donné d'excellents résultats.
Mais, des réalisateurs comme Denis Villeneuve, ont choisi de considérer, le cinéma, comme un art total, qui émoustille chaque sens, transcende, pas seulement par son scénario (bien que, le scénario de Dune, ne soit pas vraiment mauvais, juste assez quelconque). Et, c'est sans doute, là, ce que le cinéma, peut faire de plus grand : être un art total, qui les combine tous, pour offrir une expérience, qu'aucun autre art, ne pourra offrir.
Il y a, dans Dune, un travail remarquable, de la forme-surtout, du son. Il est tantôt fort, tantôt léger, apporte souffle et intensité, à toutes les scènes, où il intervient. Je dois toutefois dire, que, si le travail du son, me semble globalement remarquable, je trouve la musique peu mémorable ; elle accompagne bien les scènes, mais aucun thème, aucun morceau, ne reste vraiment dans ma mémoire.
Les images, bien sûr, sont sublimes, souvent grandes, parvenant ainsi à montrer le gigantisme de l'univers. Il y a un important et remarquable travail, des rapports d'échelle, des scènes, etc.
Son et image, procurent à de nombreuses scènes, une grande intensité ; il y a des scènes vraiment marquantes, qui font ce que le cinéma, ce que l'art, peut faire de plus beau : toucher, émouvoir, d'une émotion, qui n'est pas vulgaire, qui n'est pas celle que l'on a quotidiennement, face à des malheurs ou des bonheurs communs, d'une émotion, qui, si elle n'est pas nécessairement intense, est toutefois plus pure et plus belle.
Le casting, est aussi, à ma grande surprise, l'un des points forts de ce film ; il faut, ce me semble, saluer, en particulier, la performance de Stellan Skarsgård, en baron Vladimir Harkonnen ; l'interprète, parvient à être délectable, de machiavélisme, dans le rôle de l'antagoniste. Oscar Isaac, fait un très bon duc Leto Atréides ; il incarne à la perfection, ce personnage, somme toute très complexe, au destin tragique ; Jason Momoa, fait un bon Duncan Idaho ; dans les quelques scènes où il apparaît, Dave Bautista, fait un travail remarquable, parvenant à incarner un antagoniste intéressant, charismatique, complexe. Mais, c'est surtout Timothée Chalamet, dont je me souviendrai ; son jeu, est parfait, pout le rôle, si délicat, de Paul Atréides. Capable de passer de la sobriété, à l'émotion, il interprète un Paul Atréides, délicat, parfois tourmenté, souvent indécis.
Quant au scénario, il est passable ; s'il n'a pas toute la complexité du livre de Frank Herbert, il parvient à condenser la richesse, de la première partie, de ce livre, avec une grande efficacité.
En somme, Dune, est un film total, une expérience sensitive, dont on ressort ému et impatient, de voir la suite.

Créée

le 9 oct. 2021

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GCdr56

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