Simples curieux : bon courage. Même en ayant lu le livre, on s'est souvent retrouvé à cligner des yeux devant ce Dune qui a clairement "fait ce qu'il a pu" pour mettre en images l'inadaptable et imposant roman (900 pages) de Frank Herbert, premier tome de la saga Le Cycle de Dune. Et malgré la base d'intrigue commune aux deux œuvres, elles nous ont paru diamétralement opposées. Première minute, on vous donne le twist narratif (
l'Empereur est de mèche avec les Harkonnen pour évincer le Duc
) qui arrive normalement à mi-livre : ça, c'est fait. Ce qui change forcément le regard du spectateur sur l'ensemble du début du film (tout le suspens pour savoir qui est l'opérateur derrière les agissements suspects du peuple ennemi : envolé), de même que l'adaptation a dû faire des choix cruels pour parvenir à tenir les 900 pages (très copieuses en informations et sous-intrigues !) en à peine deux heures, ce qui désolera les lecteurs assidus (on coupe ainsi la relation soupçonneuse entre Jessica et Hawat, la découverte de la serre végétale dans le Palais, la révélation sur l'ascendance de Jessica - pourtant essentielle au personnage de Paul ! -, la cérémonie funéraire Fremen...). Mais David Lynch, au regard du roman-fleuve, ne s'en sort pas si mal que cela, car il a la courtoisie de commencer son film par une introduction pédagogique qui explique les grands enjeux de l'intrigue, pour ceux qui n'auraient pas lu le roman, a fait un bel effort sur les costumes et sur les maquettes (les vers des sables), a sélectionné un très beau casting (si vous veniez pour voir Sting, il n'est présent que dix minutes, à ceci près que l'on peut tout de même se rincer l’œil sur une scène en slip - miam) et surtout une BO "qui déchire". Le groupe Toto a composé un final à la guitare électrique qui ne laissera pas indifférent les amateurs de bons sons. En revanche, si les oreilles se régalent, les yeux brûleront sur les effets spéciaux (les boucliers... Excusez notre fou-rire) et sur l'ensemble du jeu d'acteurs en surjeu total (une vraie pièce de théâtre bon marché). On nous l'avait vendu comme une catastrophe devenue culte, et si l'on peut dire que l'on n'est pas aussi déçu que prévu (le roman était vraiment casse-figure, David Lynch a un certain mérite), on a quand même manqué de s'étouffer de rire sur les effets spéciaux et jeux d'acteurs, et il nous a manqué une grande partie du contenu essentiel du livre (ne serait-ce que la révélation que Paul est d'origine
Harkonnen
!). On reste quand même assez conciliant face à l'image kitsch rigolote que se coltine (involontairement) ce Dune, qui en fera un objet de convoitise certain pour une communauté de fans. Mais pour nous : ce Dune, plein de (très) bonnes intentions, est à des années-lumières de la qualité du livre.