En très bref ? Le film m'a paru rallongé à l'huile par une Valérie Lemercier de l'espace sans que ça dégrippe la mécanique pour autant. Oui la vidéo est stylée et la musique est belle mais la tranche de la bande-annonce est pour ces deux caractéristiques amplement suffisante, à ma modeste opinion. Quant à l'histoire...
Si vous voulez plus de détails sur cet avis approximatif et personnel qui n'intéresse sûrement personne, vous le trouverez ci-dessous, sous la forme distinguée de listes :
Les + du film et de cette adaptation, selon moi :
- être terminé(e)
- les costumes, vraiment très réussis, jusqu'aux teeshirts et pyjamas qui se transforment en un tournemain en tunique fremen (utile quand on est largué dans le désert après avoir été enlevé pendant son sommeil !) - en fait j'ai préféré les costumes civils et à la limite de cérémonie que les armures de combat. La tunique fremen est réussie elle aussi je trouve.
- le coup du laser qui passe à travers les matériaux (je veux dire qui continue après) : enfin !
- le bouclier perso et la Voix, tous deux bien rendus (mais ils auraient dû mettre du vert pour "haha touché !") - même si je ne comprends toujours pas bien l'intérêt d'un bouclier puisque tout le monde se fait massacrer
- le casting, assez léché, pas facile de trouver des gens tristes en continu
- le ressort humoristique de la tauromachie (ça rame pour humaniser un peu cette maison parfaite mais cette astuce décalée est je trouve la bienvenue)
Les - :
- la putain de musique constante omniprésente et répétitive qui écrase les personnages (on aura compris que leur destin est épique et mystique, pas la peine du mettre gras corps 42 rouge surligné en jaune !). J'aime bien Hans Zimmer mais IL FAUT SAVOIR DOSER
- dans le même esprit esthétique, j'ai été agacée que tant de choses se passent dans des couleurs ternes, sans alternance (mais c'est vrai que le bleu des yeux des fremen et le vert des quelques pétales ressort d'autant plus), j'ai eu l'impression que c'était pour dire "mon film, c'est dans les tons bleus/froids/noirs, donc c'est du sérieux, la preuve il pleut" ; j'ai été aussi agacée par la brume et la poussière permanente comme pour dire "je vais progressivement lever le voile en enlevant du sable, ça va être méta... ah bah non c'est juste ton crush ;) ;)" et "et un peu de mysticisme flou, hop-là !". Dans une certaine mesure ça se tenait tout à fait (désert toussa) mais trop, c'est trop
- le manque criant de réalisme : est-ce qu'à un moment donné vous avez eu chaud ? Parce que moi non (lié aux couleurs ?), je n'ai pas vu l'air trembler sous l'effet de la chaleur, je n'ai pas vu les personnages TRANSPIRER (à part quand Paul fait un cauchemar), être engourdis / ralentis par la chaleur, être dévorés par la soif, chercher à se protéger la tête... Vos cheveux ne sont pas un parasol et surtout, ne vous protégez pas les yeux (moi dès que y'a une pauvre poussière sur mon globe je suis aveuglée pour une demi heure mais eux qui ont grandi en Bretagne ça passe crème). Je n'ai pas vu non plus leur belle mécanique souffrir de dilatations potentiellement dues à la chaleur ni protéger leurs beaux appareils (à part quand les fremen en couvrent un d'une tente, mais ils le font pas systématiquement puisque leur vaisseau de secours est prêt à l'emploi. Ils font la poussière tous les jours ?). Je n'ai pas non plus vu de barrette dans les cheveux de Paul quand il se bat avec une visibilité nulle (utilise-t-il la Force ?). Mais de manière générale, les cheveux dans les films, ça me pose un vrai problème de praticité. A quel moment les garder détachés hors moments détendus est une bonne idée ? Pourquoi ce n'est pas un sujet ? Et puis : de quoi se nourrissent ces vers géants ? Des petits lapins-fennecs ???
- les vaisseaux à peu près tous très très gros très très carrés ou très très verticaux et cette grosse céréale spatiale dont on comprend pas trop si c'est le péage ou un truc un peu plus technique genre trou de ver mécanique alimenté à l'épice (cependant tout est tellement lisse comment on peut se docker pour remplir les réservoirs ou refaire la peinture ?)
- le rythme incompréhensible ("c'est là qu'il va couper ? c'est à qu'il va couper ?" etc.), alourdi de scènes à mon avis inutiles (par exemple tout ce qui concerne les mercenaires est à mon sens complètement dispensable, ou encore la nuit dans la tente, même si c'est une chouette tente, on aurait pu profiter de ce temps dégagé pour subtiliser légèrement l'intrigue)
- je suis désolée mais Jason Momoa c'est Ronon Dex dans Stargate Atlantis, à tout jamais (le pauvre). Non plus sérieusement le casting est cool mais la phrase "han comment va-t-on faire, les Atréïdes ils sont trop forts, ils ont deux maîtres Jedi dans leurs rangs !" : oui j'imagine parfaitement 2 types éduquer au super combat les milliers de soldats (j'avais écrit "soldates" heureusement que j'ai corrigé hihihihihihihihi) composant l'armée d'une maison. En fait ça aurait dû aller dans une sous-liste sur le manque de réalisme. Qu'il existe deux mentors plus proches de la famille Atréïdes : oui bien sûr très bien, je n'y vois pas d'inconvénients, je trouve ça même chouette qu'il y en ait plus d'un. Mais que ce soit aussi les maîtres d'armes de l'ensemble de l'armée, même pas d'une unité d'élite, ça me semble un peu trop démentiel.
- l'impasse faite (malgré ses deux parties) aux ENJEUX DE l'EPICE. Ca fait les yeux bleus et "ça permet de voyager partout" hop voilà plié expédié. L'importance au quotidien n'est pas du tout perceptible, ce qui rend l'ensemble assez vain, je trouve.
Les +/- :
- la simplification de l'intrigue : on comprend toute l'histoire (c'est agréable) mais du coup on comprend pas pourquoi cette esthétique de l'épique (pour de l'essence hallucinogène au paprika ?)
- l'oubli de mentionner le goût du baron pour les jeunes hommes : d'un côté on lisse tout l'univers dans une hétérosexualité normative et c'est dommage ; d'un autre côté le baron était déjà assez affublé d'adjectifs dits négatifs, au moins ça n'associe pas (trop) l'homosexualité aux méchants dégueus
Ensuite il y a tout ce qui je n'apprécie pas mais qui vient du bouquin et en tout premier lieu, ce qui est dû plutôt à son public, sa place de monument de la SF : c'est quelque chose qui continue de rester incompréhensible à mes yeux et j'ai l'impression de passer à côté de quelque chose à chaque occasion mais vraiment, est-ce que vous pouvez m'expliquer ce qu'il y a de si intéressant et si intelligemment mis en forme dans cette histoire ? De mon côté, d'après mes souvenirs, les éléments suivants m'ont laissés dubitative voire carrément agacée : la froideur de l'intrigue générale et des personnages en particulier (ce qui est bien rendu dans le film c'est vrai) et surtout, le caractère fantasy assez sommaire :
- la magie yes bon c'est sympa ça permet de faire des trucs, la mystique c'est gnnnn casse-gueule au possible et très hermétique, ah vous avez fait le choix du mystique ? Dommage pour moi !
- je vous cache pas que tout ce système donne l'impression d'être très très féodal avec une place des femmes limitée à un ordre de sorcières proches du pouvoir mais du coup sur la brèche et les génitrices femmes-de ; chez les fremen il y a DEUX femmes, voilà (mais c'est les bonhommes qui se battent pour prouver leur honneur et leur bravoure baille) (j'ai appris en lisant une autre critique qu'une de ces deux femmes était en fait un homme, donc merci Villeneuve pour ce choix c'est quand même chic)
- je ne vous cache pas non plus que ça donne très très fort l'impression que les jeunes hommes un peu solitaires qui lisent ou voient Dune se projettent très très bien dans le Paul, qui fait un peu figure de geek local (manque les lunettes mais la pâleur, la maigreur et les capacités mentales hors du commun sont là ; bon sauf que là aussi c'est un super combattant ouistiti alors qu'il a pas l'air d'avoir mis beaucoup de coeur à l'ouvrage) qui prend sa revanche (malgré lui hein, enfin au début) en devenant sauveur non pas de sa maison, non pas des fremen, non pas de la planète mais de l'univers tout entier et de tout le système impérial (mais c'est vrai qu'il a pas l'air si complexe) - oui, le sens de la mesure est tout à fait respecté. Il coche vraiment toutes les cases : il maîtrise la Voix, il a la prescience mais il sait aussi manier le couteau et sa peur (la peur ça te protège pas d'un danger, ça te rend FAIBLE)
- enfin, dans la même veine, les gentils (mais pas communistes faut pas abuser) et lucides Atréïdes sacrifiés sur l'autel de l'imperium (ouf ils ont sauvé leurs collecteurs d'épice, ouf le papa de Paul l'aimera même s'il déconstruit ce que des générations précédentes ont porté à bout de bras contre leur volonté) VS méchants Harkonnen sans pitié sales noirs gros et un peu bas de plafond - sauf le grand chef- mais HO un messie qui ne veut pas en être un mais finalement qui s'y fait plutôt rapidement apparait et va résoudre le conflit binaire à l'aide d'un peuple rebelle (ou pas) BON je veux pas dire c'est une histoire classique qui marche souvent mais pourquoi celle-là est plus importante que les autres ?????
Je m'arrête là ; vous l'aurez compris, j'ai pas trop aimé le livre et j'ai moyen-moins aimé le film (ce qui est plutôt cohérent) ; merci d'avoir lu jusque là, portez-vous bien et n'oubliez pas de vous hydrater.