Un "Néo" des Sables superbe visuellement mais sans supplément d'âme

Esthétiquement irréprochable : les décors, les costumes, les vaisseaux, les libellules géniales, c'est à mon humble avis le gros point fort du film; surtout quand Hanz Zimmer les accompagne sans forcer; c'est top, rien à dire. Je viens de le revoir pour me focaliser sur le jeu des acteurs
et je me suis trouvé un peu raide concernant Timothée Chalamet qui garde un côté très juvénile pour coller à la jeunesse du personnage même s'il ne fait pas quinze ans, il fait hyper jeune à certains moments, et ça match. Surtout vers la fin. Et même si je reste convaincu que certains seconds rôles sont plus en accord avec l'ouvrage que d'autres, notamment le personnage de
David Dastmalchian que l'on n'a pas fini de voir à mon avis tellement il bouscule avec son audace dans le jeu. Déjà son personnage génial de Polka-Dot Man dans Suicide Squad m'avait marqué
et là encore dans un tout petit rôle, il donne le ton, et excelle. Mais cela ne regarde que moi.
Pour ce qui est des Frémen, je n'accroche pas, et le regard bleu pimpant vient se rappeler au
Dune de Lynch, comme d'autres scènes, par ailleurs, aussi je vous invite à le revoir.
Des personnages importants comme l'Empereur ou encore le "Sting Lynch" sont absents.
Mais je ne m'étendrais pas là-dessus puisque Villeneuve garde à ses dire le gros pour la seconde
partie. Zendaya me fait chier rien qu'à la voir et Bardem est quasi inexistant. Le reste se tient.
On critique beaucoup Jason Momoa, perso, je le trouve bien, il fait le job et use d'une belle pantomime de combat comme il l'a magnifiquement fait dans la série SEE où perso je trouve
qu'il est génial. Je comprends pas pourquoi on le défonce. Il a plus de sympathie que le personnage de Josh Brolin que je n'aime pas trop. Mais ça passe. Et assez paradoxalement quant à ce que je pense du jeu de Dave Bautista, il est parfaitement à son aise ici.

Par contre, je n'ai pas adhéré au "package visuel" qui force un peu trop à mon goût sur un nuancier qui manque parfois de contraste. J'espère que l'on en verra un peu plus du ver des sables
aussi car on est un peu sur sa faim. Les tonalités souvent sont aussi glaçantes que l'ensemble du jeu des acteurs, parfois trop introverti.
Après, je reste néanmoins sur ma première impression : il y a dans ce film quelque chose qui m'a profondément dérangé : l'absence totale d'empathie et de connexion entre les personnages.
Chacun fait un peu sa partoche et on ne peut pas dire que le cahier des charges ne soit pas évident. Le rapport mère-fils a plus de contenance que le rapport père-fils. Dommage.
J'ai du mal avec le jeu de Rebecca Ferguson qui ne me fascine pas. Les personnages importants joués par Charlotte Rampling et Stellan Skarsgard ( lui est génial !!!) me paraissent en tout bien tout honneur être les seuls "en phase" avec l'ouvrage délirant d'Herbert. Eux sont précisément à leur place. L'élu et son accoutrement rappellent furieusement MATRIX sans la puissance des combats du premier opus des Wachowski ni même le charisme de Keanu Reeves, mais il est plus vieux. Affiche bien trompeuse et message subliminal : on vous offre les acteurs "bankable" du moment. Outre les minots, citons pour seul exemple Oscar Isaac qui touche à tout ( spiderman, star wars, x'men, scène from a marriage...) en proposant à chaque fois le même personnage,
ici avec sa barbe bien touffue. Non pas qu'il joue mal, comme Chalamet d'ailleurs, mais ras le bol de voir toujours les mêmes gueules en tête de gondole. Ca fait pauvre et limite sectaire au regard de tous les acteurs qui auraient pu aisément tenir ces rôles étant donné ce qu'on leur donne.
Côté mise en scène, tout est bien léché, trop ! Tout semble à la fin un peu calqué.
Si l'on reconnait son style, il n'y a aucun effort dans la psychologie des personnages. L'onirisme et d'autres thématiques lourdes et chère à Herbert ne sont qu'esquissées ici. Les clefs autant que les raccourcis sont un peu lâchées ça et là et à la fin des 2h25, il n'y a finalement après réflexion pas grand chose à se mettre sous la dent, et qu'importe si je me fais beaucoup d'ennemi, c'est mon ressenti. Ce premier opus laisse clairement et sciemment sur sa FAIM. Mais c'est ce que voulait Denis Villeneuve à cette petite différence qu'il veut faire ça en deux parties et qu'à ce ryhtme-là,
il en aurait fallu davantage. S'il compte tout mettre dans la seconde, a risque de piquer.
On verra. Il a gagné son pari et pourra aisément faire sa suite.
Il y a néanmoins quelques très belles scènes qui sauvent l'ensemble de l'ennui grâce au jeu monumental de Stellan Skarsgard dont les quelques scènes le concernant sont comme on voudrait que tout le film soit. Si j'avais à résumer cette première partie de Dune, elle tiendrait en deux mots: Le Baron ! Voilà un personnage pur et dur, effrayant, qui aurait sûrement plu à Jodo et ses potes. Feu Hans Giger aurait adoré sa composition autant que celle de David Dastmalchian j'en suis sûr car il n'est pas loin de ce qu'il avait imaginé pour les Harkonen. Les vaisseaux sont aussi superbement imaginés. Dommage que Villeneuve ne se soit pas plus inspiré des dessins existants. Pour le reste...Ca casse pas trois pattes à un carnard. Les Fremen, bof. Je reste dubitatif.
Je préfère les Tuksen chez Star Wars car on n'est pas si loin que ça. Comme le ver des sables !
Et SARLACC alors ? Pardonnez-moi, mais j'ai été plus effrayé par SARLACC dans le Retour du Jedi que par SHAI-HULUD même si la bête est top, on la voit peu. Même KRAYT le dragon des sables de The Mandalorian en donne davantage. Même le petit court métrage LEVIATHAN juste génial mais qui n'a jamais su trouver un réalisateur pour en faire un long est plus effrayant.
L'épice n'est pas assez développé à mon sens alors qu'il est une des SUBSTANCES du livre.
On plaque des grosses scènes d'exposition et un peu de combat, et encore, ça va vite ( bien enlevées, ok.) pour pallier à des manques, mais elles ne masquent pas l'absence cruelle d'âme
et une certaine monotonie. Je le dis après plusieurs visionnages et c'est toujours la même.
Reste malgré tout, et c'est sûrement ce qui compte le plus pour un grand nombre, un grand et beau spectacle qui contraste avec toutes les productions mièvres et pauvres scénaristiquement
( genre Marvel, disney +) et qui empêchent implicitement de nuancer l'émoi et l'euphorie autour de ce film qui à mon humble avis est trop surcoté, surestimé, et ne restera pas dans les mémoires à l'échelle du temps. L'avenir nous le dira. A suivre donc, la seconde partie, qui je l'espère, donnera plus de chair à tout cela.