J'avoue être un grand lecteur de Frank Herbert. Lu et relu l'intégralité de la saga, et en particulier Dune.
Le début du livre lui-même m'a toujours semblé assez ennuyeux, l'intérêt venant quand le mahdi Paul Atreide découvre les pouvoirs mutagènes de l'épice.
Manque de pot, Denis Villeneuve n'a traité que ce prequel, en un découpage qui en ote les maigres ressorts intéressants.
Non dénués de grandeur, les personnages sont d'une fadeur soporifique, la direction d'acteurs semblant s'acharner à les vider de toute profondeur. Mettre en scène un baron Harkonen moins effrayant que son modèle tout droit sorti de Star Wars relève de la performance.
La scène de l'épreuve, qui dans le roman prend une dimension digne d'Edgar Poe par sa charge d'angoisse, de terreur, n'est ici qu'une suite de visions sitôt oubliée. La mystique et les rituels fremen autour de l'eau, centraux dans le livre sont pratiquement évacués, au profit de scènes sans grand intérêt dramatique.
Un bon point est la très brève intervention de Jason Momoa qui n'a pas le temps de gâcher la soupe, tant son rôle, capital dans la littérature, est gommé dans ce scénario.
Sans révéler outre mesure l'intrigue générale de la saga, les éléments les plus passionnants en sont les Fremen et les Bene Gesserit dans leur relation avec Paul, que le scénario survole en ne se centrant que sur le piège tendu aux Atreides et son sinistre dénouement. Pour moi c'est un non sens romanesque.
Reste l'image. Bluffante au point qu'on s'en fiche de l'action, par ailleurs sans grande originalité dans le traitement, des personnages et de leurs tribulations, ne parlons pas de psychologie ni d'émotion, ce n'est pas plus le sujet de Villeneuve que dans son Blade Runner.
L' étrange sentiment d'être uniquement bouleversé (mais très, je reconnais) par la beauté formelle est ce que je retiens le plus de ce film.
Et le Shai Hulud, aussi grandiose que Herbert le dépeint...