Ce nectar bleu est à l'image de Dune 2. Il t'offre parfois un plaisir rare, si bien qu'il peut t'étouffer aussi quelques fois.
Déjà d'une (et non déjà Dune ^^), ce deuxième volet semble plus manifeste. La phase explorative a toujours lieu, mais les intrigues offrent un dynamisme grandissant. Villeneuve a fait en sorte de joindre les fans de films lents aux spectateurs frénétiques qui ont besoin d'action. Je suis persuadé qu'il y a beaucoup d'adeptes de Top Gun, qui se sont retrouvés dans ces phases sans paroles, où la nature s'apprécie à nouveau comme telle avec un récit badasse.
Une intro digne de ce nom qui reprend ce précepte, avec ce jaune foncé à l'écran. On aurait dit les bons côtés d'Iñárritu qui a réalisé The Revenant. Ici pas de neige, la vraie grandeur des paysages est valorisée par les étendues désertiques de Jordanie et d'Arabie Saoudite. D'ailleurs je me pose une question paysagesque, mais la Namibie aurait été une splendide lieu de tournage elle aussi. Le décors sableux très orangé du Desert du Namib pouvait donner un ton punchy encore plus contrasté avec les yeux bleus des fremens.
Ce que je veux dire par là, c'est que le numérique décuplé de Warner se perd parfois dans un jaune plus pâle et poussiéreux.
J'aimais à l'inverse quand Bautista en Rabban se fait prendre avec sa patrouille, dans ce crachin de sable obscur. La scène est parfaitement exécuté et la mini pirouette de Chalamet aussi. C'est ce qu'on appelle la simplicité avec style.
Les scènes de combats ont tantôt fière allure façon Star Wars avec des bannières de Grèce Antique... Ou tantôt mal agencées quand les attaques à découvert se révèlent au grand jour. Les explosions abusives ne sont d'ailleurs pas aussi élégantes que dans Apocalypse Now et ses hélicoptères. Il faut toujours que les méchants bombardent les lieux sacrés, comme dans Avatar. Néanmoins, ce n'est pas sans rappeler involontairement Daesh qui a défoncé Palmyre en Syrie et d'autres sites du patrimoine mondial de l'UNESCO.
J'ai appris à aimer Chalamet. Je le trouve bon 60 à 70 % du temps dans Dune 2. Il a la tête de l'emploi, mais manque toutefois encore de prestance dans ses phases de colère. Wonka lui colle mieux à la peau. La planète Arrakis est un univers impitoyable, Chalamet dégage avant tout un gain de cause dans la douceur et Zendaya en Chani est complètement convaincante. Villeneuve n'oublie pas non plus la noirceur des Harkonnens qui ont le droit à une scène de gala façon Gladiator. Cette parenthèse "méchants" a fait du bien... Car Villeneuve à parfois mal appuyé ses pauses, amoindris par des dialogues abrégés et embrayages de bastons courtes. Sur ce point, les Harkonnens prennent une leçon un peu facile en trois coups d'épées à la fin du film.
Je ressort malgré tout assez satisfait en salle. Même si Zimmer nous fait encore pisser du sang dans les conduits auditifs, c'est moins flagrant et mieux jalonné. Dune 2 est le film à voir du premier semestre 2024 sur grand écran. Il vaut le coup pour son désir de soif rectangulaire. Pour ce qui est d'une appréciation stratosphérique, je laisse la parole à d'autres, tout en soulignant l'effort cinématographique de Villeneuve.