Cette série est imparfaite, mais j'hésitais à lui mettre un coup de coeur en même temps.
Commençons par les quelques défauts, pour valider en pointillés le scepticisme et le feu des critiques autour de ce remake de 1980. Il puise également avec paresse dans d'autres séries récentes, je pense en premier lieu à The Last Kingdom avec les guerres de religions et un héros qui s'assume en barbare grotesque. Shogun parle ici de la présence des marchands portugais et du christianisme, en 1600 au Japon. Un sujet très intéressant, méconnu, complexe, mais dont les ficelles scénaristiques se devinent très facilement. Les deux premiers épisodes installent le contexte et le troisième soulève les corruptions. Classique, Disney Plus fait du Netflix clairement.
Je ne suis pas encore totalement conquis par les bastons, avec trop de facilités déconcertantes au milieu des flèches ennemies ou des passages en force. J'imagine que les batailles vont grossir et je reste partisan des sous-titres qui défilent en permanence, montrant aussi un intérêt adulte et mâture. J'ai lu des commentaires qui s'attaquaient farouchement à ces sous-titres, ou comme quoi le récit devait être parlé dans la bonne langue... Est-ce le plus important ? Non, l'essentiel est que l'on assiste à une immersion nippone clairement pas vue depuis Le Dernier Samouraï et Tom Cruise. Peut-être même que cette mini-série dépassera l'éclat d'un simple film de deux heure et demi, pour comprendre et s'imprégner de cette culture japonaise.
Ces coutumes de l'époque féodale sont très bien représentées par les acteurs japonais eux-mêmes. Ce qui est la grosse force de Shogun. J'ai en tête les différents seigneurs, dont Toranaga et Ishido. L'un est philosophique, l'autre maléfique. Leur présence, leurs silences captent l'écran. La gente féminine a elle aussi son mot à dire, Anna Sawai en Mariko est grandiose. D'autre part, la réalisation respecte la géographie du Japon. C'est le premier point de repère de la série avec la présence de forêts qui bordent les mers et archipels. Vous ajoutez à cela un visuel diablement efficace, quelques armures, des bâtisses traditionnelles qui dégagent une perspective soigneusement travaillée. Je vous invite à voir autrement les miniatures du jeu vidéo Shadow Tactics : Blades of the Shogun, si vous souhaitez une reconstitution virtuelle des plus sympathiques d'Osaka, et autres villes ou villages.
Le Japon est tellement atypique et mystique, qu'il attise évidemment notre curiosité. Shogun emploi les codes samouraïs et le héros principal anglais John Blackthorne, n'est qu'un support pour compléter un ensemble alléchant quoi que l'on dise. Vivement les sept épisodes restants. Je ne m'attend pas à monts et merveilles, mais à une continuité immersive et jouant en parallèle aux côtés de documentaires narratifs.