Presque trois ans après un premier film, Denis Villeneuve revient en ce début d'année avec la suite de son adaptation du livre de Frank Herbert déjà entamé sous de prometteurs auspices en 2021. Le réalisateur canadien nous avait servi un métrage généreux, respectueux de la mythologie d'origine, grandiose sur bien des aspects : le casting, la mise en scène, la direction artistique, l'ambiance sonore, des effets spéciaux à couper le souffle... Une machinerie cinématographique méticuleusement assemblée.
Je me rappelle qu'à l'époque j'avais été à la fois heureux et frustré de voir le titre Dune : Première partie en tout début de film. Aussi amoureux suis-je de notre cinéma et de certaines de ses sagas, dans notre monde les suites sont bien souvent synonymes de pompes à fric faciles. Bien entendu, les exemples de suites de qualité au moins égale au premier opus (voir supérieure) sont légions parmi les sagas cinématographiques. Du reste, la démarche de Villeneuve fut compréhensive attendu que ce dont s'inspire son film est une œuvre généreuse de plusieurs milliers de pages répartis sur plusieurs romans (six rien que pour le cycle original). Condenser le tout en un gros film de trois heures aurait desservi plus qu'autre chose la qualité du produit final
Sobrement et logiquement sous-titré deuxième partie, qualifier un tel film de space opera intellectuel voire de Star Wars pour adulte relèverait à la fois de la faute intellectuel comme du raccourci facile tant la ferveur de Villeneuve pour son matériau de base transpire à l'écran : représentation des protagonistes, univers dense aux proportions cyclopéennes, créatures de cauchemar, intrigues politiques et économique avec pour McGuffin la tant convoitée épice. Le spectateur, pour peu qu'il soit un minimum attentif, n'aura pas l'excuse de s'y perdre tant le tout défile proprement et clairement sans jamais tomber dans l'exposition facile ou hasardeuse. Et c'est là que Villeneuve réussit un véritable tour de force : en dépit de l'aspect complexe de l'univers qu'il aborde et la facilité étonnante qu'il a à le retranscrire à l'écran sans gâter la compréhension du public, il n'en oublie pas pour autant la partie esthétique en nous servant de longs moments contemplatifs ; jonglant sans temps mort entre panoramas grandioses, effets spéciaux à couper le souffle au service de la présentation des vers géants de sable comme de la plus petite souris du désert, et affrontement (verbaux comme physiques) dantesques entre ses protagonistes.
Ce jonglage délicat est ici encore mieux maîtrisé que le premier chapitre dans la mesure où si ce dernier nous posait l'univers et tout l'aspect politique des conflits qui préoccupent les êtres peuplant le monde d'Arrakis, l'affrontement teasé la fin du film de 2021 nous est ici servi à la hauteur de nos attentes. Anciens comme nouveaux venus, les acteurs sont tous impeccables, premiers comme seconds rôles. Leurs personnages évoluent, certains pour le meilleur comme d'autres pour le pire, et par l'attachement qu'on leur porte c'est à nous en donner des frissons tant on se réjouit de les voir réussir ce qu'ils entreprennent comme on serre sa gorge dans les parties les plus dramatiques.
Pari gagné pour Denis Villeneuve, donc. La science-fiction moderne au cinéma lui doit beaucoup.
Maintenant, c'est l'intertitre troisième partie qu'il me tarde de lire...