Ayant déjà beaucoup abordé le sujet de Dune par ailleurs, j'invite l'éventuel lecteur de SC qui viendrait à se perdre par ici, de lire d'abord ma critique de Dune 1 – Villeneuve.
Comme déjà dit, ce deuxième opus de Denis Villeneuve correspond au livre 3 "Le prophète" du roman Dune de Franck Herbert.
En substance, Paul Atreides a gagné ses galons de combattant Fremen (Fedaykin) d'autant qu'il a réussi l'épreuve (spectaculaire) de chevauchement du Shai Hulud, le fameux ver des sables. Quant à sa mère, grâce ou à cause de sa qualité Bene Gesserit, elle est appelée à prendre la suite de la révérende mère Fremen.
Cette deuxième partie est l'aboutissement du chemin suivi par Paul auparavant et concerne donc la lutte contre l'Empereur et la victoire des Fremen. À mon sens, ce n'est pas ce que je préfère dans la saga Dune même si je me suis largement plu dans ces bagarres homériques contre un pouvoir corrompu. En effet, je préfère la première partie car je privilégie toujours l'aspect "construction" d'un homme ou d'un système à l'aspect routinier d'un règne ou d'une guerre.
"Homérique", j'ai dit ? Oui, car il y a quelque chose, dont je n'ai pas encore parlé, qui rappelle les belles tragédies grecques et l'Iliade ou l'Odyssée. Par exemple, cette façon de résoudre ou de terminer une guerre, un conflit par un duel à mort entre deux personnes. Ici, il s'agit d'un duel entre Paul et un homme de la partie adverse, Feyd-Rautha pour déterminer le vrai vainqueur. C'est bien le minimum à attendre d'un homme dont le nom de famille est Atreides …
Non, ce qui m'intéresse beaucoup plus ici c'est ce que deviennent les personnages une fois que le piège du pouvoir se referme sur eux. C'est l'idée, par exemple, que d'une simple histoire de vengeance que l'on pourrait dire presque "privée", un homme se trouve entrainé là où il ne voulait surtout pas aller. Certains parleraient d'une convergence entre les ambitions politiques (Jessica) et les ambitions religieuses en créant une divinité (Stilgar). Divinité humaine puisqu'on la voit se construire, mais divinité absolue pour le bon peuple peu au fait de toutes ces manigances au sommet que ce soit de la part de sa mère ou du chef fremen Stilgar.
Comment d'une idée simple, on en arrive à une logique de guerre sainte (le jihad) avec l'utilisation d'armes atomiques dévastatrices ? Voilà le regard que je porte sur cette deuxième partie très fidèle au roman, encore une fois. On sent bien à la fin, que le victoire n'est pas si simple et le film termine sur quelques interrogations qui restent sans réponses.
Je ne sais pas si ce que j'ai écrit dans la critique concernant la partie 1 à propos d'un éventuel troisième opus correspondant au "Messie de Dune" est pertinent. Mais je ferais bien mienne une des phrases de cette partie (livre 4 du roman) qui analyse l'inéluctable défaite de tout pouvoir ou de toute idéologie qu'elle soit politique ou religieuse.
"Nous savons que ce moment de suprême puissance portait en lui le germe de son anéantissement et nous ne pouvons déduire qu'une chose : toute divination absolue et précise est mortelle".
Revenons au film de Villeneuve dont j'ai trouvé que la mise en scène ne déméritait vraiment pas. Certes, il y a, d'évidence, l'utilisation de procédés numériques dans les batailles mais ils conservent un aspect plutôt réaliste. Par exemple, on voit des oriflammes ou étendards qui flottent dans le vent mais pas tous dans le même sens comme j'ai eu vu dans d'autres films. Les images du désert sont somptueuses surtout appuyée par la musique toujours aussi obsédante et planante, mâtinée de sonorités moyen-orientales. J'ai vu dans le générique que des scènes avaient été tournées à Abou Dhabi, dans les EAU ainsi qu'en Jordanie. J'ai bien aimé cette représentation du désert comme je l'avais aussi apprécié chez Lean même qu'Anthony Quinn s'offusquait qu'on (Peter O'Toole) aime le désert ! Comme ici, chez Villeneuve où Chani possède un autre nom qu'elle dévoile avec répulsion : "le printemps du désert". Comme s'il pouvait y avoir un printemps dans le désert !!
En ce qui concerne le casting, je n'ai rien de mieux à dire que dans la critique de la première partie sinon que j'ai bien aimé l'évolution de tous les personnages qu'il s'agisse de Paul, Jessica, Chani ou Stilgar …
J'ai décidément bien apprécié le rôle de Chani joué par une Zendaya fière et droite, pacifiste convaincue, qu'il a fallu que Paul mérite.
Pour finir, en attendant une hypothétique suite, j'ai bien aimé cet opus qui traduit bien le roman.
Et je ne regrette pas mon travail forcené de la semaine dernière à revoir le film de Lynch ,la première partie de Villeneuve et surtout à me repastiller le bouquin (très touffu mais je l'ai déjà dit) avant de me jeter au cinéma samedi soir pour voir la deuxième partie.
La note ? Ce sera 8 comme le Lynch, comme la première partie pour que les trois opus soient bien ensemble dans mes satanées listes.