Visuellement stupéfiant, la très attendue reconstitution de l'opération Dynamo par le prodige du cinéma britannique s'avère hélas après une heure de projection, d'une pauvreté dramatique bien embarrassante.
Sitôt passée son introduction à couper le souffle, ou après une course désespérée dans les rues de la ville, un jeune soldat britannique débarque sur les immenses plages de la Manche, transformées par la défaite face à l'avancée allemande en piège qui se referme, le dispositif du cinéaste est prêt à se déployer pour offrir un spectacle total. Ainsi, nul chaos dans la description des événements (il suffit de comparer avec l'admirable plan séquence d'Atonment de Joe Wright), Christopher Nolan recherche davantage une interprétation abstraite de la guerre, prétexte évidemment à l'étalement de ses figures de style pour raconter un survival davantage qu'un film de guerre. Le film atteint ainsi une rare harmonie en terme de découpage, de montage et de photographie. La rétine imprime une dizaine de séquences que l'on est prêt à revoir avec grand plaisir, entre balai aérien des spitfires et scènes de naufrage époustouflantes.
Hélas le film, en cherchant absolument à conquérir son spectateur en multipliant les effets de sidération, en oublie de présenter des enjeux narratifs un tant soi peu consistants. Le montage entre les trois temps, très stimulant pendant les premiers quart d'heure de la projection, trouve un dénouement bien fade. Tous les personnages, à l'exception peut-être du jeune Fionn Whitehead qui marque davantage les esprits, ne sont que des coquilles (de noix) vides. Ils sont les porte mentaux d'archétypes héroïques et plombent le film dès qu'ils ouvrent la bouche pour asséner des propos définitifs sentencieux. Par bonheur, le film est quasiment muet mais on aurait apprécié également une partition moins assourdissante et surtout moins redondante de l'inénarrable Hans Zimmer.
Si le film est stupéfiant visuellement, sa pauvreté narrative n'en fait pas le film de guerre définitif attendu.
Note : 6,5