Je pensais venir voir un film lent, tortueux et héroïque. Surprise ! Christopher Nolan nous livre un film d'une heure quarante-six, qui en paraît deux. C'est déjà bien assez de le souligner à l'heure où tellement de films font deux heures et demi et en paraissent trois. Mais surtout il livre un film où trois histoires à priori singulières démarrent en décalé, pour finalement se rejoindre à un seul et même endroit : Dunkerque. Une fresque d'un moment souvent oublié de la bataille de France, dans laquelle les Anglais ont joué aux égoïstes pour se carapater sur leur île. Perdre une bataille pour gagner la guerre, en somme.
Nolan réussit à ne jamais ralentir le rythme, au contraire. L'énergie, pourtant bien explosive dès le départ, monte crescendo. Là où trois histoires se mélangent, le réalisateur accomplit l'exploit de ne pas casser le rythme et il en profite même pour alterner les angles de vues sur certains plans. Le tout sans dérouter le spectateur.
Dans Dunkerque, l'héroïsme n'a pas sa place tant la situation paraît désespérée dès le début. Ce qui tient en haleine est une question récurrente : quand vont-ils finir par sortir de ce trou à rat ? A chaque instant, on croit la fin venue, et les aléas , les Allemands - jamais représentés au passage, l'ennemi n'a ni visage ni uniforme - en décident autrement. Pas un personnage ne fait défaut dans sa quête absolue de fuir la plage. Même Harry Styles est surprenant. Seul le commandant Bolton, incarné par Keneth Branagh, manque d'un peu de poigne. Une façon de montrer son doute quant au succès de cette bataille.
Bref, avec des scènes aériennes époustouflantes, une musique dense mais jamais étouffante et cette tension omniprésente, le film est une réussite.
Une réussite qui ne saurait occulter le parti pris méchamment anglo-saxon, qui laisse les soldats français, ces mangeurs de grenouilles, de côté. Une opinion légèrement chauvine de ma part, peut être...