Évacuons rapidement l'idiote polémique qui entoure la sortie de Dunkerque par chez nous, selon laquelle le film serait truffé d'erreurs historiques et négligerait le rôle joué par l'armée française pendant la page de la Seconde Guerre Mondiale dont il est ici question : d'une, Nolan propose un film de fiction et non un docu historique ; de deux, l'implication des Français comme ligne de défense fondamentale au sauvetage de l'armée britannique est bel et bien évoquée, et ce à plusieurs reprises. Pas assez au goût de certains ? C'est qu'ils n'ont pas bien lu le pitch ou regardé la bande-annonce : ce n'est tout simplement pas le sujet central du film. Basta.
Littéralement porté par la musique encore une fois brillante de Hans Zimmer, qui électrise le film de bout en bout et lui insuffle un tempo dramatique à la tension permanente, et par une utilisation dingue des sons, Dunkerque est un blockbuster à échelle humaine qui revisite le film de guerre et s'impose d'emblée comme une nouvelle référence du genre.
Aussi réaliste qu'ultra spectaculaire, ce gigantesque survival fait passer les tripes avant l'émotion : pas de contextualisation romantique des personnages, dont on ne sait rien (ce qui n'empêche pas l'empathie), très peu de dialogues ; juste la brutalité de la guerre et l'instinct de survie très égoïste qu'elle provoque.
Et la présence de Nolan aux manettes, avec son sens fou du cadrage et son montage signature qui morcelle et mélange la temporalité de l'action pour mieux en faire ressortir les détails, jouer avec le sens, user toujours très intelligemment de ce que l'on appelle l'ironie dramatique ; bref, pour scotcher le spectateur à son siège pendant près de deux heures, fasciné et stimulé à chaque instant.
Une nouvelle grande démonstration de force de la part d'un réalisateur décidément génial.