Par temps clair, les côtes anglaises sont à bout de doigts. Quand tu plisses les yeux depuis les côtes françaises, tu peux dessiner le contour de leurs falaises blanches.
Mai 40. Bataille de Dunkerque : ça a été autre chose de les atteindre.
D9 - Touché-coulé over and across the Channel. Evacuation en apnée pendant 1h47 et du très grand Nolan !
Trois points de vue. La plage et sa jetée. La mer. Les airs. Trois temporalités. One week. One day. One hour. Trois groupes d'hommes individualisés au milieu des 400 000 britanniques à rapatrier. Une construction elliptique époustouflante, pleine de bruit et de fureur, qui immerge le spectateur en pleine débandade, dans un étau de feu et d'amertume. L'angoisse se nourrit du détail.
Peu de dialogues. L'épure Nolan, à la Bresson. Toutefois, cet échange : - Ecoute, c'est un Spitfire ! - Comment est-ce que tu sais que c'est un Spitfire, tu n'as même pas regardé ?! - Moteur Rolls-Royce Merlin, le plus beau son qu'on puisse entendre dans de telles circonstances...
Des scènes aériennes incroyables, la RAF au premier plan ; les silhouettes des Messerschmitt en ligne de mire ou dans le sillage, toujours à distance, dans la lumière unique de la Côte d'Opale.
On sent d'autant mieux la pression de l'ennemi qu'il est invisible. A peine trois casques allemands en flou qui traversent l'écran de fin.
La musique de Hans Zimmer est l'élément clé d'une mise en danger qui surgit de partout et n'a pas de répit.
On attend la détente avec la marée haute. Les plans panoramiques sont magnifiques. Film sur péloche, pas de numérique. La longue plage blanche de Dunkerque avant l'ouverture miraculeuse des eaux. Un moment pour la survie.
Un peu chiche sur les crazy frogs qui sont au front de l'opération, mais ce n'est pas non plus un documentaire.