Christopher Nolan s'intéresse à la poche de Dunkerque, où lors de la débâcle de 1940, des centaines de milliers de soldats français et anglais se retrouvèrent coincés entre le feu allemand et la Manche. Cependant, ne cherchez pas ici un film de guerre conventionnel. "Dunkirk" est avant tout un survival, montrant comment un aviateur, un bateau civil réquisitionné, et un soldat isolé ont vécu ce moment.
Le seul gros défaut du film est qu'il ne creuse pas beaucoup ses personnages : on ne sait rien de leur passé, et les dialogues sont minimalistes (un changement de fusil d'épaule chez Nolan, ses films étant habituellement très bavards !). En conséquence, on s'attache peu à eux, malgré la bonne prestation des acteurs (Tom Hardy, Mark Rylance...).
Cela n'empêche pas le film d'être très intense. On note en premier lieu l'énorme travail de montage sonore, avec une BO angoissante et permanente de Hans Zimmer, et une succession de bruits acérés et anxiogènes (sifflements de bombes, explosions, coups de feu, moteurs...). Puis la mise en scène éclatante et soignée, qui exploite la belle photographie, les décors in situ, ou la reconstitution bien réelle à base de figurants et engins, et ne relâche jamais la pression.
Par ailleurs, côté montage, comme dans "Inception", Nolan s'amuse à nouveau avec la temporalité, alternant avec élégance des séquences où le temps ne passe pas à la même vitesse selon les personnages. Une façon de rendre hommage à ceux qui se sont battus sur terre, sur mers, et dans les airs, ne vivant pas au même rythme mais soumis à des expériences tout aussi intenses.
Ainsi, "Dunkirk" est une jolie réussite, et, accessoirement, cela fait plaisir de pouvoir déguster sur grand écran en 2017 un film de guerre tourné sur pellicule et sans effets numériques à foison !