Pas revu depuis une éternité, je ne pouvais décemment pas manquer cette chance de revoir « E.T. » au cinéma, qui plus est dans la plus belle salle de l'UGC La Défense. J'avoue avoir pas mal hésité concernant la note, et sans doute un point de moins aurait-il mieux reflété mes sentiments : sans doute faut-il y voir une « madeleine de Spielberg », pour laquelle on a tant d'attachement et de souvenirs qu'une profonde affection est quasiment obligatoire (surtout lorsque celui-ci est presque à l'origine de la rencontre entre vos parents!). Car en redécouvrant ce classique absolu, j'avoue quand même avoir été surpris par nombre d'aspects pour le moins étonnants, rendant pour le moins invraisemblable cette histoire d'extraterrestre égaré sur la planète Terre.
Que ce soit l'étonnante (euphémisme)
construction pour prendre contact avec les compatriotes du protagoniste (qui auraient dû se rendre compte par eux-mêmes que l'un deux manquait), l'hallucinante évasion pour échapper aux scientifiques (n'ayant d'ailleurs par l'air très motivé pour les poursuivre!), des vélos apparaissant comme par magie quand on en a besoin, des personnages peu exploités (celui de Peter Coyote en tête)
et un recours aux bons sentiments peut-être encore plus accru que de coutume chez le futur auteur de « La Couleur pourpre » (bon, c'est vrai que ça fonctionne à fond, mais
ce cœur battant à nouveau sans réelle raison,
c'est tout de même étrange).
N'empêche, « E.T. », c'est aussi l'incarnation absolue de ce cinéma des 80's qui savait nous émouvoir et nous faire rêver comme quasiment aucun titre n'est capable de le faire aujourd'hui. Visuellement, le film est somptueux, que ce soit sa photographie cristalline, les merveilleux effets spéciaux empreints de poésie ou cette créature devenue mythique dès sa sortie en salles, cette dernière offrant quelques scènes assez hilarantes par sa maladresse et ayant l'intelligence de garder un très grand mystère autour de ses origines et de son identité. Bien qu'omniprésente (on sent que l'ami Steven se retient au départ avant de se lâcher complètement par la suite), la musique ample et pleine de panache de John Williams participe pleinement à l'identité de l'œuvre, notamment à travers une scène finale déchirante où il est humainement difficile de retenir ses larmes.
Il y a également ce parti pris de raconter cette histoire sur un temps et surtout un décor très resserré (à peine quelques kilomètres), lui donnant un côté presque « intimiste » (toutes proportions gardées). Enfin, en plus de cette adorable créature, difficile de trouver plus attachante que cette famille composée d'une mère célibataire et de ses trois enfants, tous excellemment interprétés (quel dommage de ne pas les avoir vus mener les carrières qu'ils méritaient!). Bref, loin d'être un film parfait, le classique intemporel de Steven Spielberg demeure une source d'émerveillement pour toute une génération comme pour les suivantes, défilant à la vitesse de la lumière et justifiant (à peu près!) son statut si particulier sur la planète cinéma.