Riders out of norm
Where are you from ? It’s hard to say. Inspiré du Fanfaron et jalon originel du Nouvel Hollywood, Easy Rider se caractérise avant tout par sa contestation de tout ancrage, qu’il soit dans la...
le 2 déc. 2016
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Critique rédigée en décembre 2019
Le road movie regroupe une quantité de réalisations généralement cataloguées dans la comédie ou le cinéma d'aventure, mais aussi très souvent le mélodrame se fixant sur la relation étroite entre plusieurs personnages bien différents, évoluant au cours d'un road trip d'un point de rencontre à un objectif géographique précis. En principe, la route ne constitue qu'un alibi pour méditer à propos d'une peinture symbolique sur la bordure de la société et ses créatures.
Figure emblématique du cinéma étasunien classique réalisé en 1969, Easy Rider est l'oeuvre majeure du comédien et réalisateur Dennis Hopper, ainsi que le film culte de toute une génération baignée dans la culture hippie et adepte de l'art provoquant des effets plus ou moins comparables aux psychotropes.
Le film a marqué l'histoire du Nouvel Hollywood, aboutissant à une nouvelle vision du cinéma américain en coupant les bornes du système de production conventionnel.
Le récit prend place en plein coeur de Los Angeles, de là où deux motards charismatiques et accros, Wyatt et Billy (respectivement Peter Fonda et Dennis Hopper), décident de partir pour la Louisiane ouvrant un carnaval municipal. Traversant le sud-ouest américain, ils rencontrent lors de chaque arrêt quelques curieux personnages membres d'une communauté hippie, en pleine ascension. Hélas cette compagnie va valoir aux deux jeunes gens d'être arrêtés et jetés en prison à tort, dans la même cellule que l'avocat George Hanson (Jack Nicholson). Les trois hommes vont ensemble être témoins de l'intolérance de l'Amérique profonde et peu favorable à l'émancipation des styles.
Le road movie est souvent un biais pour user de nouvelles techniques cinématographiques. Au même titre que le climat hippie planant au sein de cette fiction, ce sont également les nombreux discours qu'elle porte qui font la force du film, peignant à l'écran l'une des plus significatives manifestations de l'esprit de liberté par le biais de deux personnages épicuriens par excellence. Ces derniers, ainsi que George incarnent une Amérique dans un trouble état, excessivement conservatrice et rejetant le peuple à la culture différente et nouvelle pour l'époque.
Nos héros, dont nous regretterons un traitement plutôt amer des sentiments, n'en demeurent pas moins marquants par leur image de rebelles affichant une insolente liberté dans leurs conduites et leur style vestimentaire, relativement dus à la consommation de drogue. Le spectateur assiste sans s'en rendre compte avant...
la troublante séquence du cimetière (temps mort du récit et début d'une déchéance mystique les amenant à leur fin, tués par un chauffard assoiffé de haine)
...d'une déchéance mystique amenant les héros droit vers leur fin, rythmée par les sons des choppers et les hits musicaux de Steppenwolf et Jimi Hendrix. Au contraire, d'autres séquences, plus silencieuses, font méditer le spectateur sur le politiquement correct et ce qui mérite d'être banni en matière de culture.
En tant que manifeste de la contre-culture, Easy Rider pourrait même être considéré comme l'anti-road movie puisque le genre initié par Frank Capra avec New York, Miami (1934) avait comme fin générale de voir progresser deux personnages au sein d'un même moyen de mobilité. Affranchissant les codes de films précédents tels que Les Raisins de la colère (1940), Pierrot le fou (1965) et surtout Bonnie et Clyde (1967), le film de Dennis Hopper aborde le genre à reculons, préférant la mobylette à l'automobile et la déchéance morale des personnages à leur ascension.
Sans appeler le spectateur à la transgression, Easy Rider brosse l'idée d'une Amérique provoquant un malaise diffus, en dressant le procès de l'intolérance et de l'indifférence. Bien-sûr, Arthur Penn l'a déjà fait à sa façon deux ans plus tôt avec le brillant Bonnie et Clyde, beaucoup moins obscur sans son propos social. Les deux films seront source d'inspiration phare de célébrissimes films à venir au cours des prochaines décennies, tels que le bouleversant Un monde parfait (1993), le réjouissant Thelma et Louise (1991) et l'intimiste Sailor et Lula (1990).
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Créée
le 18 déc. 2020
Critique lue 39 fois
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