Ce très étrange, voire même très bizarre, long-métrage réalisé à quatre mains par Caroline Puggi et Jonathan Villiet nous a clairement laissé sur le bas-côté à tel point qu’on a du mal à comprendre l’engouement assez prononcé, même si pas dithyrambique, pour lui. On n’est jamais rentré dans cet univers mêlant jeu vidéo, romance gay, drame familial et film de gangsters. Et le résultat proposé à travers ce « Eat the night » laisse bien plus circonspect qu’autre chose. Le tout nous a donc conséquemment paru duré une éternité, notamment ces séquences très longues de jeux vidéo, et plus précisément de jeux de rôles, dans lesquelles s’enferment un jeune homme et encore plus sa petite sœur. Ce jeu,« Dark Noon », dont la fin imminente rythme (mal) le film est donc son centre mais pour qui n’est pas adepte de ce genre de divertissement ou de détente, ces moments s’avèrent tous sauf cinématographiques, même si on a saisi l’utilité psychologique et symbolique de la chose. Pire, on se rend compte une fois le film terminé qu’il aurait été peut-être mieux sans cet aspect et le personnage de la sœur pour se concentrer sur la romance et le polar. En effet, toutes ces différentes facettes se marient mal et ne sont guère solubles l’une dans l’autre à l’écran; elles ne se nourrissent pas. Cela nous fait obtenir un drôle de ressenti. Alors certes c’est une proposition unique mais à laquelle on a le droit de ne pas adhérer.
En outre, « Eat the night” met du temps à démarrer abusant sur les séquences de jeu vidéo et nous présente une France désœuvrée et peu agréable à suivre personnifiée par une jeunesse laissée à elle-même. Une jeunesse au centre du long-métrage qui évolue dans des décors tout aussi tristes et les magouilles. Une jeunesse sans avenir, déprimante. Filmée dans des couleurs froides oscillant entre le bleu, le gris et le violet (comme les personnages du jeu), la forme n’est pas non plus des plus séduisantes. En tout cas à nos yeux. Le fait de filmer sous les néons ou par le biais d’endroits underground ne suffit pas à faire un film à la mode. Alors quand, en plus, les différents morceaux de l’intrigue ont du mal à s’emboiter et ne sont pas crédibles (du chef des voyous à la tête d’ange au repaire du personnage principal dans cette madure abandonnée où il fabrique sa drogue), on décroche. C’est peut-être la romance entre le frère et son nouvel ami qui fonctionne à la limite le plus, mais elle n’a pas le temps d’exister et s’avère trop vite coupée. Ajoutons à cela des incohérences comme la sortie de prison et un tempo à l’encéphalogramme plat et on assiste à une véritable débâcle ou, pour être moins dur, à une œuvre d’atmosphère ne nous a jamais ni envoûté ni embarqué dans son délire.
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